Historique

Historique du Centre québécois du P.E.N. international

Fondation du PEN International

Fondé à Londres en 1921 par la romancière Catharine Amy Dawson Scott, poète britannique, dramaturge et militante de la paix, PEN est à l’époque un club privé, lieu d’échanges et de partage entre poètes, essayistes et romanciers de toute origine et culture. L’acronyme anglais « PEN » signifie « plume » en français, les trois lettres représentant les mots poets, essayists, novelists (poètes, essayistes, romanciers).

De nos jours, PEN International rallie les écrivaines et écrivains du monde entier à la cause de la liberté d’expression, des droits de la personne et du dialogue entre les nations. Parmi les fondateurs et les tout premiers membres, on compte Joseph Conrad, D.H. Lawrence, George Bernard Shaw et John Galsworthy. C’est au cours d’un dîner de Dawson-Scott que ce dernier parle des possibilités d’un mouvement international – une « ligue des nations pour les hommes et femmes de lettres ».

John Galsworthy (1867-1933) devient le premier président du PEN à Londres. Lauréat du prix Nobel en 1932, il remet l’entièreté de la somme de son prix à PEN International. En 1926, lors du deuxième congrès international du PEN à New York, il rencontre la Néo-Canadienne Georgina Sime et l’incite à créer le PEN Club canadien. D’origine écossaise, l’essayiste, conférencière, militante sociale et écrivaine féministe Georgina Sime (1868-1958) avait émigré à Montréal en 1907 et y vivait depuis.

Fondation du PEN Club canadien

Il s’agit d’un des plus anciens centres du PEN International présents aujourd’hui dans plus d’une centaine de pays. Association bilingue, quoique majoritairement anglophone, le Centre canadien ressemble davantage – et ce jusque dans les années 1940 – à un club de rencontres sociales; il se consacre surtout au divertissement des personnalités littéraires en visite à Montréal.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Centre canadien change d’orientation et devient plus actif. À l’exemple du PEN International, il commence à prendre la défense des écrivains persécutés. Le Centre facilite le séjour au Canada à de nombreux écrivains européens en exil, les invite à ses dîners littéraires et les aide à s’intégrer à différents groupes sociaux.

Essai de mise sur pied du PEN Club canadien-français

Dans les années 1960, les écrivains francophones du Canada émettent le désir d’avoir un centre uniquement de langue française. L’idée de fonder le PEN Club canadien-français fait son chemin, mais les membres de l’époque rejettent majoritairement la proposition. Il est vrai que depuis sa création, le PEN Club canadien réunit des membres des deux cultures qui travaillent bien ensemble. Les objectifs de PEN étant essentiellement de portée internationale, une division linguistique canadienne ne leur paraît pas souhaitable.

Pourtant, en 1966, au congrès international de New York, naît le Centre de langue française, appelé PEN Club canadien-français. Quinzième centre à être créé, il est reconnu en 1967 au congrès d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. L’idée de scinder le PEN Club canadien en deux unités linguistiques et indépendantes est cependant prématurée et ne dure pas longtemps. La première présidente du PEN Club canadien-français est la romancière Germaine Guèvremont (1893-1968), mais son décès soudain entraîne la fin dudit centre.

Le PEN Club canadien continue ses activités; il est très présent à l’étranger, notamment aux colloques internationaux de l’organisation. Au cours du congrès de Menton de 1969, en France, la proposition canadienne de créer une journée des écrivains emprisonnés est retenue, et depuis 1981, la journée du 15 novembre est universellement reconnue comme la Journée mondiale des écrivains en prison.

Les années 1970 voient la création au Canada du Comité de défense des écrivains persécutés (CODEP), qui travaille de concert avec le même Comité international établi à Londres en 1960, le Writers in Prison Committee (WiPC) (Comité des écrivains en prison).

De 1973 à 1977, sous la présidence de l’écrivaine Katherine Roy, puis de la poète, romancière et traductrice Louise Gareau-desBois, le Centre se transforme peu à peu, l’Exécutif commençant à structurer les activités par dossier.

Création du Centre francophone canadien du PEN international

Il faut attendre les années 1980 pour que les écrivains francophones se mobilisent à nouveau et reprennent le bâton du pèlerin. En 1982, sous la gouverne de l’écrivain, diplomate et professeur franco-ontarien Jean Éthier-Blais, alors président de PEN Club canadien, et grâce à l’appui de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), le Centre francophone canadien du PEN international est fondé à Montréal, accrédité en novembre de la même année par PEN International et reconnu officiellement par le gouvernement canadien en 1983.

Cette même année, 1983, plusieurs écrivains anglophones déjà membres du PEN Club canadien créent à Toronto un deuxième centre qui prend le nom de PEN Canada. Le déménagement de ce groupe dans la Ville-Reine, devenue un centre de la vie littéraire anglo-canadienne, a lieu sous la direction de l’écrivain, professeur et journaliste Hugh MacLennan, connu pour avoir publié en 1945 le roman Two solitudes (Deux solitudes). L’écrivaine Margaret Atwood en est la première présidente.

En 1984, la nouvelle accréditation du Centre francophone canadien du PEN international est ratifiée au congrès de Tokyo, et en 1985, le Centre rédige ses règlements généraux et obtient ses lettres patentes.

En 1987, sous la présidence de la professeure et écrivaine Jeanne Cloutier-Demers, le Centre francophone canadien organise un colloque ayant pour thème L’écrivain : liberté et pouvoir.

Malgré l’éloignement géographique, les deux centres continuent à travailler ensemble à des projets communs. En 1989, ils organisent le congrès de PEN International, qui se déroule en partie à Toronto et en partie à Montréal. Des centaines de délégués représentant plus de 80 pays viennent alors discuter d’écriture et de liberté. La mise en œuvre du congrès est facilitée par le président de PEN Canada de l’époque, l’écrivain John Ralston Saul, qui est élu en 2009 président du PEN International.

Création du Centre québécois du P.E.N. international

Le Centre francophone canadien ne prend son nom actuel de Centre québécois du P.E.N. international qu’en 1990, lorsque les termes Écriture et liberté sont intégrés au logo. Au même moment, son siège administratif est établi à la Maison des écrivains, sise avenue Laval, à Montréal, grâce à une entente avec l’UNEQ.

En 1992, le Centre francophone canadien devient officiellement le Centre québécois du P.E.N. international. Suivant les directives de Londres, les conditions d’admission des membres évoluent avec les années. Rapidement s’ajoutent aux poètes, essayistes et romanciers, les historiens, dramaturges, critiques, traducteurs, rédacteurs, journalistes, blogueurs, chroniqueurs, scénaristes, éditeurs, libraires et bibliothécaires, qui ont tous le même intérêt pour le métier et l’art de l’écriture, et le même engagement en faveur de la liberté de s’exprimer par le mot écrit.

Quelques réalisations du XXIe siècle

Avec l’arrivée du nouveau millénaire, le diplomate, écrivain et traducteur Émile Martel devient le troisième président du Centre québécois du P.E.N. international.

Depuis 1981, le Centre québécois continue de souligner la Journée mondiale des écrivains en prison tous les 15 novembre, et à partir de 2000, il coorganise l’activité littéraire Livres comme l’air (LCA) avec Amnistie internationale et l’UNEQ. Ayant lieu chaque année dans divers salons du livre et festivals littéraires, Livres comme l’air réunit des écrivains québécois jumelés à des écrivains emprisonnés ou menacés, auxquels ils dédicacent un de leurs livres. Cette dédicace est lue en public, accompagnée des notes biographiques de l’écrivain emprisonné ou menacé; le livre dédicacé est ensuite acheminé à ce dernier, avec l’espoir qu’il se rende à bon port, ce qui étonnamment arrive assez souvent.

En 1996, le Comité de traduction et des droits linguistiques (CTDL) de P.E.N.-Québec travaille avec l’UNESCO pour que la Déclaration universelle des droits linguistiques soit officiellement adoptée. En 2011, le CTDL s’investit également avec sa contrepartie internationale, fondée au congrès de Stockholm en 1978, le Translation and Linguistic Rights Committee, pour élaborer le Manifeste de Gérone pour défendre la diversité linguistique dans le monde.

En 2015, le Centre québécois organise à Québec le 81e congrès de PEN International, ayant pour thème Traduction = création = liberté. Reconnu autant par la qualité de son organisation que par sa vaste fréquentation, le congrès a permis de faire adopter la Déclaration de Québec sur la traduction littéraire, les traductrices et les traducteurs. La Déclaration de Québec se veut pour les traductrices et traducteurs une réflexion sur leur art et profession.

La même année, 2015, le Comité Femmes de P.E.N.-Québec voit le jour, en écho à celui de Londres fondé en 1991, le Women Writers’ Committee. Depuis, le Comité Femmes organise des séances de lecture de textes écrits par des femmes emprisonnées ou menacées. Les séances sont réalisées en divers lieux : salons du livre, festivals littéraires, librairies, etc., par des écrivaines québécoises.

En 2018, au congrès international de Pune, en Inde, quelques centres PEN francophones se sont constitués en fédération afin, entres autres actions, d’alimenter les dossiers que PEN International présente à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). La Belgique, la France, le Mali, le Québec et la Suisse romande en sont les membres fondateurs.

Grâce au généreux legs testamentaire du légiste, écrivain et diplomate Jacques Brossard, le Centre québécois octroie depuis 2018 le Prix Jacques-Brossard/Centre québécois du P.E.N. international à « un auteur d’un ouvrage d’essai ou de fiction centré sur l’humanisme ou la spiritualité ». D’une valeur de 5000 $, le prix bisannuel a été attribué aux écrivains Paul Chamberland en 2018 et Yvon Rivard en 2020.

D’autres collaborations sont nouées d’année en année entre le Centre et d’éminents partenaires québécois, tels l’Institut canadien et la Maison de la littérature de Québec, les bibliothèques du Plateau-Mont-Royal et Mordecai-Richler de Montréal, le Festival littéraire Métropolis bleu, le Festival international de la poésie de Trois-Rivières, le Festival de la poésie de Montréal, les Journées du livre de la diaspora arabe et berbère, etc.

2 commentaires

  1. Merci pour le travail fait par cette organisation. Les écrivains doivent être soudés pour avancer. Je serais heureux en tant qu’écrivain à œuvrer au sein d’une telle force. Je suis Congolais

    1. Bonjour,

      Nous vous remercions d’avoir pris le temps de nous écrire. Il est vrai que le Congo ne possède pas de Centre PEN. Peut-être pourriez-vous être celui qui entreprend des démarches afin d’aller chercher des appuis et le créer.

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