Déclaration de Québec sur la traduction littéraire, les traductrices et les traducteurs
La Déclaration de Québec sur la traduction littéraire, les traductrices et les traducteurs est adoptée à Québec en octobre 2015 par l’Assemblée générale lors du 81e congrès de PEN International, dont le thème est : « Traduction = création = liberté. »
Jalon dans la réflexion sur leur art et profession, dès lors, cette déclaration sert de guide aux associations de traducteurs partout dans le monde.
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Déclaration de Québec sur la traduction littéraire, les traducteurs et les traductrices
- La traduction littéraire est un art de passion. Porteuse de valeurs d’ouverture, elle permet d’aspirer à l’universel et elle est le vecteur privilégié du dialogue entre les cultures. Elle est un gage de paix et de liberté, ainsi qu’un rempart contre l’injustice, l’intolérance et la censure.
- Les cultures ne sont pas égales devant la traduction. Certaines traduisent par choix, d’autres par obligation. La traduction va de pair avec la défense des langues et des cultures.
- Les traductrices et les traducteurs, respectueux des auteurs et des œuvres originales, ne cherchent toutefois pas qu’à reproduire un texte : à titre de créateurs de plein droit, ils le prolongent, le font avancer. Plus que des messagers, ils portent la voix des autres, sans pour autant perdre la leur. Défenseurs de la diversité linguistique et culturelle, ils s’engagent notamment auprès des auteurs de l’ombre, des styles et des groupes marginalisés.
- Les droits des traductrices et des traducteurs doivent être protégés. Les instances gouvernementales, les maisons d’édition, les médias et les employeurs doivent reconnaître et nommer clairement les traductrices et les traducteurs, respecter leur statut et leurs besoins, leur assurer une juste rémunération et des conditions de travail dignes ; et ce, quel que soit le support utilisé – papier, numérique, audio, vidéo.
- L’intégrité physique et la liberté d’expression des traductrices et des traducteurs doivent en tout temps être assurées.
- En tant qu’auteurs de création dotés d’un savoir-faire qui les distingue, les traductrices et les traducteurs doivent être respectés et consultés pour toute question relative à leur travail. Les traductions appartiennent à celles et à ceux qui en sont les auteurs.
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Un peu d’histoire
Dès 2013, Louis Jolicoeur, de l’Université Laval, à Québec, Sherry Simon, de l’Université Concordia, à Montréal, et Émile Martel, alors président de P.E.N.-Québec (2000-2015) préparent ensemble la version préliminaire de la Déclaration, avec la complicité d’Esther Allen, du Baruch College de la City University of New York, de Hugh Hazelton, de l’Université Concordia, à Montréal, et de Fabio Scotto, de l’Université de Bergame. Pour ce faire, ils se fondent sur les principes exprimés dans différents documents, notamment la Convention de Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques (1886-1979), la Convention universelle sur le droit d’auteur (1952) et la Recommandation sur la protection juridique des traducteurs et des traductions et sur les moyens pratiques d’améliorer la condition des traducteurs (1976).
Cette première version de la Déclaration est soumise aux centres PEN qui font partie du Comité de la traduction et des droits linguistiques de PEN International, qui est dirigé à l’époque par Simona Skrabec. Les représentants du Comité ont l’occasion de discuter de tous les aspects du projet avant l’adoption de la version définitive, en français, anglais et espagnol, au cours de deux réunions du Comité. Plus de cinquante délégués provenant de pays variés et bien au fait de la réalité littéraire et linguistique de leur région participent directement à ces discussions.
Le résultat de cette vaste consultation est un texte qui résume en six points les principes et les objectifs que PEN International souhaite défendre en matière de traduction littéraire. Parmi ces principes, on compte la place de la traduction dans la promotion de la dignité de toutes les cultures et de toutes les langues, la reconnaissance des conditions nécessaires à la pratique de cette activité et, au premier chef, la défense des personnes qui s’engagent dans ce flux de communication entre les peuples : les traductrices et les traducteurs littéraires.
Le 15 octobre 2015, la Déclaration de Québec est approuvée à l’unanimité par l’Assemblée de PEN International. Les versions française, anglaise et espagnole sont parachevées pendant le congrès de Québec, et toutes les traductions ultérieures, qui peuvent être consultées ici, sont le résultat du travail des centres PEN et de leurs collaborateurs.
Le Centre québécois du P.E.N. international souhaite que la Déclaration puisse être lue dans le plus de langues possible et que d’autres institutions et organismes en adoptent les principes et l’aident à les défendre et à les divulguer. La Déclaration de Québec fait partie d’une vaste stratégie de PEN International visant à promouvoir la créativité littéraire et la collaboration entre les cultures. Le Centre québécois du P.E.N. international s’engage à faire la promotion de la Déclaration de Québec auprès d’associations de traduction et d’organismes culturels d’ici et d’ailleurs.