
D’après Félix Villeneuve, délégué officiel du Centre québécois du P.E.N. international et président du CODEP/WiPC (Writers in Prison Committee). Le 87e Congrès annuel de PEN International s’est tenu entre le 20 et le 25 septembre 2021. Il fut précédé des rencontres de comité, les 13, 14 et 15 septembre. Le congrès devait se tenir à Oxford, mais la pandémie nous a cependant à nouveau contraints à une formule virtuelle. Le congrès s’est déroulé de manière très fluide et sans anicroche. Si on peut, encore une fois, s’attrister du manque d’échanges et de discussions dynamiques qui caractérisent en général ces rassemblements, le reste du congrès fut une expérience très riche. La rencontre du WiPC était animée par Salil Tripathi, président sortant du comité, et par Ma Thida, la nouvelle présidente du WiPC élue en mai dernier. La rencontre s’est déroulée au rythme des nombreux panels, d’une formation du Protection Programme sur la méthodologie et les considérations éthiques entourant la communication avec les écrivains persécutés. Nous avons également eu droit à une présentation de la Case List 2020 ainsi qu’à des dossiers spéciaux sur Cuba, la Biélorussie, l’Érythrée et le Nicaragua. PEN International a désormais un nouveau président en la personne de Burhan Sönmez. Burhan était auparavant membre du conseil d’administration de PEN International. Il est de nationalité kurde, membre des centres kurdes et anglais. Je noterai brièvement que Salil Tripathi, président sortant du WiPC, rejoindra l’équipe du conseil d’administration international, accompagné de Gabriel Seisdedos de PEN Argentine. Le comité de recherche a également été entièrement rebrassé, avec l’ajout notable d’Antiona della Rocca, un membre depuis longtemps très actif un peu partout au sein de PEN (il est notamment le créateur et le gestionnaire de la page Facebook de PEN International). Zoë Rodriguez, ancienne présidente de PEN Sydney et fille de Judith Rodriguez, vice-présidente de PEN International décédée en 2018, a été officiellement élue à la présidence du WWC (Women Writers Committee). Les panels étaient absolument fantastiques et valaient le détour, ce qui n’est pas toujours le cas lors de tels rassemblements. Les enjeux principaux ont été discutés, et des décisions ont été prises sur le plan organisationnel. Du côté des résolutions, quatre ont été adoptées, décriant la situation au Myanmar, en Israël, au Nicaragua et en Biélorussie. Certains moments majeurs : une réorganisation du WiPC/CODEP, les témoignages de certains écrivains en difficulté (Amérique latine et Afrique, surtout), l’adoption de résolutions importantes, l’accueil de nouveaux centres (PEN Malte et PEN Quechua), etc. Plusieurs initiatives ont été présentées au congrès en lien avec le centenaire de PEN. D’abord le site des archives de PEN auquel j’ai travaillé pendant plusieurs mois entre 2020 et 2021. Il s’agit d’une collection de plus de 2000 documents d’archives (photos, affiches, documents, listes de membres, etc.), fournis par 90 centres, et témoignant de la riche et dynamique histoire de l’organisation. Il y a également le Livre du Centenaire, PEN International, une histoire illustrée, maintes fois présenté par Carles Torner, le directeur général du centenaire. J’ai également apprécié la collaboration entre PEN et les Moomins qui proposent une collection limitée de marchandises à l’effigie de l’organisation, une première, je crois. En somme, un très bon congrès, surtout compte tenu des limitations qu’ont entraînées la pandémie et le format virtuel, mais j’attends impatiemment le retour des rencontres en chair et en os, riches en émotions, et, à la fin, plus humaines. Uppsala, en Suède, qui devait à l’origine accueillir le congrès de 2020, sera finalement l’hôte du 88e congrès de PEN International, en 2022. L’événement se déroulera sur place, du 26 au 30 septembre, et aura pour titre : The Power of Words—future challenges for freedom of expression. Après Lviv, en plein conflit criméen, Pune, dans une atmosphère tendue de censure, et Manille, à l’ombre de Duterte, la Suède promet de créer moins de controverses et plus de cohésion. Ce sera surtout un test pour le nouveau président et le corps démocratique de PEN qui se rencontreront en personne pour la première fois en trois ans. |