Un œil sur le Nicaragua

La fermeture injustifiée de PEN Nicaragua par Daniel Ortega

— Le 17 février 2022

Le 15 février 2022, le Parlement nicaraguayen contrôlé par le gouvernement a approuvé la fermeture du centre de PEN International du Nicaragua et de cinq associations non gouvernementales, au motif qu’elles ne respectaient pas l’exigence de présenter ses soutiens financiers.

En retirant la personnalité juridique à PEN Nicaragua, le gouvernement de Daniel Ortega consolide une stratégie qui consiste à réprimer et à réduire au silence une organisation qui a défendu la liberté d’expression dans le pays. PEN condamne la persécution de plus de 100 journalistes et écrivains du Nicaragua contraints à l’exil au cours des quatre dernières années.

Voces del Sur (Voix du Sud) documente 114 atteintes à la liberté d’expression

Dans son rapport de janvier 2022, le réseau Voces del Sur a recensé 114 violations de la liberté de la presse : 101 ont été perpétrées contre des médias et 13 contre des personnes. Parmi les cas documentés figure celui de la journaliste Kalúa Salazar, victime de harcèlement à sept reprises par la police. En outre, deux communicateurs travaillant dans des médias ont été contraints de s’exiler en raison du climat hostile et peu sûr que doivent affronter les médias et les journalistes indépendants dans le pays.

Le gouvernement interdit l’entrée au Nicaragua à la journaliste cubaine Yailén Insúa Alarcón

Yailén Insúa Alarcón, ancienne directrice du Système d’information de la télévision cubaine et de la revue Buenos Días, a demandé asile au gouvernement de la Colombie après que celui du Nicaragua lui eut refusé l’entrée dans le pays.

La journaliste a quitté Cuba avec son mari pour la Colombie le 5 février dernier, avec l’intention d’entrer au Nicaragua, mais a été informée à l’aéroport de Bogota que les autorités de Managua n’autorisaient pas son entrée en raison de leur réglementation, soit une ordonnance du ministère de l’Intérieur interdisant la sortie du territoire national.

« J’ai demandé l’asile au gouvernement colombien parce que je ne retournerai pas à Cuba où ma vie est en danger », a déclaré Yailén Insúa Alarcón après avoir révélé qu’elle risquait six mois de prison pour avoir diffusé à la télévision des images de la chanteuse Celia Cruz, connue pour ses positions critiques vis-à-vis du régime cubain.

Daniel Ortega s’accroche à la censure

— Les 8 et 11 février 2022

Le journaliste Miguel Mora reconnu coupable de « conspiration »

Le 4 février 2022, une juge nicaraguayenne a reconnu coupable de « conspiration » le journaliste Miguel Mora, l’un des sept candidats à la présidence emprisonnés dans le pays depuis huit mois après avoir annoncé son intention de disputer le pouvoir au président Daniel Ortega, réélu en novembre pour un quatrième mandat consécutif.

L’ancien directeur de la chaîne 100 % Noticias, séquestré par le gouvernement fin 2018, a été reconnu coupable du crime de « conspiration pour avoir porté atteinte à l’intégrité nationale » par la juge Nadia Tardencilla, a déclaré la journaliste Lucia Pineda Ubau, qui dirige actuellement la télévision depuis le Costa Rica, où elle est en exil.

Ortega interdit l’entrée à l’écrivain hondurien Oscar Estrada

Le gouvernement nicaraguayen a interdit l’entrée au Nicaragua à l’écrivain et scénariste hondurien Oscar Estrada, comme il l’a dénoncé sur les réseaux sociaux le 5 février dernier.

« On vient de m’interdire l’entrée au Nicaragua. Sans me donner de raison, simplement parce que c’est comme ça. ̋ Vous ne pouvez pas entrer  ̏, m’a-t-on dit. Je suis allé souvent au Nicaragua et rien de tel ne m’était jamais arrivé. Incroyable », a écrit Estrada sur son compte Twitter.

Harcèlements judiciaire, pénal et cybernétique tentent de réduire au silence tout le Nicaragua

— Le 2 février 2022

Le compte Twitter des médias indépendants 100 % Noticias a été piraté

Le compte Twitter du média indépendant 100 % Noticias (100 % Informations), qui compte plus de 185 000 abonnés, a été piraté le 29 janvier 2022 par des militants présumés du gouvernement du Nicaragua. Sa directrice, la journaliste Lucia Pineda Ubau, a déclaré que le pirate s’était d’abord présenté comme Elon Musk. La direction du média s’est tout de suite occupée de récupérer le compte et a réussi à le rétablir 48 heures plus tard.

100 % Noticias a été frappé de plein fouet par le régime de Daniel Ortega. À la fin de 2018, le siège de la télévision a été attaqué et confisqué par les forces gouvernementales. Le journaliste Miguel Mora, alors directeur du média, et Lucía Pineda Ubau, son attachée de presse, ont été emprisonnés pendant six mois, puis libérés. Mora a été de nouveau capturé en juin dernier et se trouve toujours en prison pour avoir annoncé son intention de se présenter à la présidence du pays et chercher à disputer le pouvoir à Ortega aux élections contestées de novembre dernier.

Pour des raisons de sécurité, une partie du personnel de 100 % Noticias travaille en exil au Costa Rica, alors que d’autres le font sous garde protégée au Nicaragua.

Harcèlement judiciaire, agressions et autocensure dans le journalisme latino-américain

— Le 22 janvier 2022

Un premier opposant condamné en vertu de la Loi sur la cybercriminalité

L’opposant Donald Margarito Alvarenga Mendoza, âgé de 56 ans, est devenu le premier Nicaraguayen à être condamné en vertu de la Loi spéciale sur la cybercriminalité. À l’issue d’un procès de 15 heures, le 13 janvier dernier, la juge du district pénal de Chinendega, Rosa Velia Baca Mendoza, l’a déclaré coupable de « subversion, désobéissance et rébellion et de vouloir conspirer pour atteinte à l’intégrité nationale ». Le jugement rendu le 18 janvier le condamne à une peine de prison de sept ans et demi.

La pandémie de COVID-19 a précarisé le travail journalistique en Amérique latine

Le mardi 25 janvier 2022, le Réseau des défenseurs de la liberté d’expression en Amérique latine (Red LEAL) a présenté le Rapport sur l’état de la liberté d’expression du Red Leal. Ce réseau est une communauté de solidarité, de soutien et de protection. Il surveille et met en évidence les atteintes à la liberté d’expression qui visent les journalistes de médias de divers pays latino-américains, et en particulier les journalistes des médias locaux, les communautés et les organisations de la société civile au service des communautés traditionnellement exclues. Cela dans le but de protéger ceux et celles qui exercent des métiers où la liberté d’expression est primordiale.

Au Nicaragua, la liberté d’expression et le sort qui lui est réservé préoccupent au plus haut point

— Le 19 janvier 2022

Le 13 janvier, l’organisation Voces del Sur a présenté son rapport intitulé Nicaragua 2021 : la situation de la liberté de la presse, dans lequel on signale un grand nombre de cas de harcèlements et d’attaques contre les journalistes et les médias survenus au cours de la dernière année (2021) dans le pays.

Selon le rapport, en cette année d’élections, les principaux candidats de l’opposition ont été emprisonnés. On dénombre aussi 702 attaques menées contre le journalisme indépendant, c’est-à-dire presque le double du nombre rapporté l’année précédente, en 2020. 

Au moins 120 journalistes du Nicaragua ont pris le chemin de l’exil depuis 2018

Depuis avril 2018, lorsque des manifestations contre le gouvernement de Daniel Ortega ont éclaté, au moins 120 journalistes de ce pays ont pris le chemin de l’exil, selon un rapport rendu public le mercredi 12 janvier 2022 par le Collectif Nunca Más, organisation fondée au Costa Rica pour la défense des droits de la personne, justement par des défenseurs de ces mêmes droits également en exil.

La presse chinoise disposerait de plus de droits que les journalistes du Nicaragua

Le 11 janvier, des journalistes et des organisations de défense de la liberté d’expression ont dénoncé le plan du gouvernement de Daniel Ortega visant à réduire au minimum la presse indépendante et à soutenir davantage la presse de la Chine, de l’Iran et de la Russie.

Avant l’investiture récente d’Ortega pour un quatrième mandat consécutif à la tête du pays, et après la reprise des relations diplomatiques entre le gouvernement sandiniste et celui de la Chine, le China Media Group (CMG, principale société de médias d’État) a ouvert un bureau à Managua pour former des journalistes nicaraguayens des médias progouvernementaux.

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