
Le mois de septembre a commencé au Nicaragua avec de nouvelles fermetures de médias, l’exil de journalistes et la fermeture d’organisations non gouvernementales (ONG), tandis que le gouvernement montrait pour la première fois quelque 27 prisonnières et prisonniers politiques détenus dans la prison de la police d’El Chipote et dont les familles avaient dénoncé la détérioration progressive de la santé.
Un journaliste en exil dont la chaîne de télévision a été fermée
Le journaliste nicaraguayen, David Mendoza, propriétaire de la chaîne de télévision fermée RB3, de la ville nordique de Río Blanco, a quitté le Nicaragua à la fin du mois d’août et a demandé l’asile aux États-Unis, comme l’a rapporté la presse. Mendoza a déclaré avoir traversé le Río Bravo (frontière entre le Mexique et les États-Unis) le 30 août dernier avec sa femme et son fils de 10 ans.
Le directeur de la chaîne populaire RB3 a dénoncé, le 2 août dernier, la fermeture de sa chaîne par l’Institut des Télécommunications, dans le cadre de la fermeture de près d’une douzaine de médias indépendants. Mendoza a fondé il y a 18 ans cette chaîne, qui est devenue une référence pour une vaste population rurale du nord du Nicaragua.
Fermeture d’une autre station de radio de l’Église catholique
Le 23 août dernier, quelques heures après que le clergé du diocèse d’Estelí (nord) eut condamné dans un communiqué la répression par le gouvernement de l’Église catholique, l’Institut des Télécommunications et des Postes (Telcor) a annulé le permis de diffusion de Radio Stereo Fe (Radio Stéréo Foi), qui appartenait à ce diocèse et transmettait des contenus religieux dans le nord du Nicaragua.
La publicité d’État répartie entre famille et « fidèles »
Une enquête de la publication indépendante Expediente Público a révélé que depuis le premier semestre de 2022, le gouvernement nicaraguayen a dépensé plus de 180 000 dollars pour « récompenser » les agences de publicité, les journalistes et les médias officiels.
Le gouvernement montre des prisonnières et des prisonniers politiques
Les deux derniers jours du mois d’août et le 1er septembre, le gouvernement nicaraguayen a montré pour la première fois 27 opposants emprisonnés dans la redoutable prison de la police d’El Chipote, dont les familles avaient déclaré qu’ils souffraient de la faim, d’isolement et de maladies diverses non traitées.
Les détenus ont été conduits un par un au siège des tribunaux de Managua, pour de prétendues audiences dites « à titre d’information » qui n’existent pas en tant que telles dans le règlement judiciaire, selon des experts consultés.
Pour la sociologue Sara Henríquez, défenseure des droits de l’homme et exilée, Ortega a montré les détenus pour disqualifier les plaintes des membres des familles qui affirmaient que la vie des détenus était en danger. « Mais il a obtenu le résultat inverse, car ces photos et vidéos n’ont fait que réaffirmer qu’ils étaient torturés, en isolement et affamés », a-t-elle déclaré.
Le mois d’août, celui qui compte le plus d’arrestations politiques de l’année 2022
Entre le 1er et le 28 août, 31 arrestations arbitraires ont été signalées, dont 15 pour des « motifs politiques ». Sur les 15 citoyens encore détenus, il en reste huit, parmi lesquels on compte Mgr Rolando Álvarez, évêque de Matagalpa et administrateur apostolique du diocèse d’Estelí, qui se trouve actuellement chez lui en résidence surveillée depuis le 19 août.
Le nombre de prisonniers d’opinion passe à 205
De ce nombre, 195 ont été capturés au cours des quatre dernières années, à la suite des manifestations d’avril 2018, et 10 étaient déjà en prison. Selon le même rapport, 20 des 205 prisonniers politiques sont des femmes.
1775 ONG ont été fermées au Nicaragua
« Cela renforce les fermetures arbitraires d’organisations de développement communautaire, de femmes, environnementales, autochtones, autonomes, de promotion sociale et de droits politiques qui s’occupaient des secteurs les plus vulnérables du pays », a dénoncé l’organisme de défense des droits de l’homme « Nicaragua No Más », créé au Costa Rica par des défenseurs nicaraguayens contraints à l’exil.