Nicaragua : Daniel Ortega continue à faire taire la presse

Prix Cabot 2023 pour le journaliste Miguel Mendoza 

Le joueur de football nicaraguayen Miguel Mendoza a reçu le 20 juillet 2023 le prix de journalisme María Moors Cabot (Université Columbia, New York), la distinction la plus ancienne décernée aux journalistes du monde entier depuis 1938. Le journaliste en exil a expliqué qu’il avait reçu ce prix « au nom du grand périodique indépendant du Nicaragua, persécuté et criminalisé ».

Miguel Mendoza, journaliste sportif et ancien prisonnier politique, a reçu une mention spéciale le 19 octobre à New York lors de la remise des prix María Moors Cabot. Il a dédié cette reconnaissance au journalisme indépendant au Nicaragua qui continue de résister avec courage aux attaques, à la persécution et à la criminalisation de la profession par le régime de Daniel Ortega et Rosario Murillo.

Mendoza a dénoncé l’absence de presse indépendante au Nicaragua, où les droits des citoyens ont été violés. Des médias importants comme La Prensa100% NoticiasConfidencial et Radio Darío ont été fermés et occupés par les forces gouvernementales, et leurs journalistes ont été poussés à l’exil.

Journalistes nicaraguayens obligés d’abandonner la profession

« La dictature a réellement miné le travail journalistique et a obligé de nombreux collègues à abandonner la profession », a déclaré Pineda Ubau lors d’une entrevue avec l’agence espagnole EFE. Un récent rapport du Movimiento Periodistas y Comunicadores Independientes de Nicaragua (PCIN) indique que près de 40 % (des journalistes indépendants) ont abandonné la profession », a-t-il ajouté. La situation des journalistes qui ont dû s’exiler est précaire.

Les attaques contre la liberté de la presse se poursuivent en Amérique centrale

Le journalisme et la liberté de la presse sont menacés en Amérique centrale par l’assassinat d’informateurs, la persécution judiciaire, la confiscation des médias et les obstacles à l’accès à l’information à caractère public. Des centaines de journalistes ont été contraints à l’exil ou ont été victimes de censure et de stigmatisation dans les pays centraméricains, ce qui constitue un grave danger pour les démocraties, comme l’ont signalé la Sociedad Interamericana de Prensa (SIP) et d’autres organisations régionales.

Plus de 1000 violations de la liberté de la presse en cinq ans

Un total de 1329 cas de violation de la liberté de la presse au Nicaragua au cours des cinq dernières années a été rapporté dans un document publié par l’organisation Voces del Sur (Voix du Sud), en collaboration avec la Fondation pour la liberté d’expression et la démocratie (FLED), toutes deux consacrées à la promotion des libertés publiques.

Le rapport, publié à l’occasion de la Journée internationale du journaliste, documente les attaques contre les journalistes au Nicaragua d’avril 2018 — lorsque la crise sociopolitique a commencé à Managua — à avril 2023.

Au cours de cette période de cinq ans, la principale forme de violation de la liberté de la presse a été les agressions et les attaques contre les journalistes (759), selon le rapport.
Selon cette étude, un total de 1329 violations de la liberté de la presse ont été documentées, touchant 338 victimes : 244 hommes, 93 femmes et un membre de la communauté LGBTQ+.

Refus de rentrer au Nicaragua pour la directrice de Radio La Costeñísima

La journaliste Kimberly León, directrice de Radio La Costeñísima dans la ville de Bluefields, a été contrainte à l’exil car elle n’a pas pu rentrer au Nicaragua après un voyage aux États-Unis pour des raisons familiales.

Le nombre de journalistes nicaraguayens contraints à l’exil depuis 2018 dépasse 208, selon les données du réseau régional Voces del Sur et de la Fondation pour la liberté d’expression et la démocratie.


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