Lettre de décembre 2015 de Jennifer Clement, présidente du PEN International aux membres du PEN

Chers collègues et amis,

C’est un grand honneur d’avoir été élue présidente de notre organisation historique. Il y a très peu d’individus ayant occupé un poste électif qui peuvent se targuer d’avoir été élus par un groupe de gens aussi exceptionnels de partout dans le monde. Je chéris votre vote en sachant que plusieurs d’entre vous ont été torturés et emprisonnés, ont vécu dans la peur ou l’exil, et ont consacré de leur temps et de leurs ressources pour défendre la liberté d’expression.

À l’heure où je regarde une carte du monde et de tous nos centres, plusieurs voient leur liberté d’expression menacée et l’intolérance grimper, venant à la fois d’acteurs étatiques et non étatiques. Pour cette raison, alors que PEN approche de son centième anniversaire, notre organisation est plus importante que jamais. Quand je regarde notre symbole, la chaise vide, je sais qu’il ne s’agit pas d’un siège vacant. Elle est bel et bien occupée, et par trop de gens. Elle est habitée par son propre vide. J’y vois des poètes russes, des blogueurs bangladais, des journalistes turcs et éthiopiens, des jeunes filles qui se font tirer en se rendant à l’école, des journalistes mexicains, des poètes chinois, des écrivains essayent d’échapper aux fatwas, des caricaturistes assassinés et combien d’autres encore.

Alors que PEN défendra toujours la liberté d’expression, nous savons aussi, à la manière des enfants et des amoureux, que les mots peuvent guérir, traiter, soulager et amener la paix. Les mots peuvent aider à accroître la tolérance et la compréhension entre les nations et entre les peuples.

Tandis que je lis la liste de tous les écrivains que PEN a aidés dans les cent dernières années, je réalise à quel point ce travail est remarquable. Notre organisation a changé et sauvé des vies, une par une, et, chaque fois, a contribué à rendre notre monde plus digne.

C’est un privilège d’avoir fait campagne aux côtés de Zeynep Oral et de Vida Ognjenovi?, et c’est également un privilège d’occuper cette fonction après la présidence exceptionnelle de John Ralston Saul. Je suis impatiente de travailler avec vous dans les années qui viennent.

Cordialement,

Jennifer Clement

Présidente PEN International

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