The Economist – Un vaste reportage sur la liberté d’expression

  • 9 juin 2016

 The Economist publie cette semaine un grand dossier spécial sur l’état de la liberté d’expression dans le monde. Malgré l’ère numérique, cette liberté fondamentale est en recul, selon plusieurs études. Les freins à cette liberté essentielle à toute démocratie se multiplient.

Le magazine britannique illustre les trois principales formes d’entraves à la liberté d’expression:

D’abord, la répression gouvernementale a augmenté. À travers le monde, les gouvernements imposent un contrôle similaire à ceux instaurés durant la guerre froide. En Russie, par exemple, les médias télévisés sont tous sous le contrôle de l’État. En Chine, les dissidents sont arrêtés et le président Xi Jinping impose une censure contrôlée des médias sociaux. La Libye, quant à elle, est plus dangereuse pour les journalistes qu’avant le printemps arabe.

Ensuite, un nombre inquiétant d’acteurs non étatiques alimentent la censure en tuant ou torturant. Au Mexique, ceux qui enquêtent sur la corruption et les crimes sont fréquemment tués ou torturés. En France, les caricaturistes se sont fait assassiner dans leur propre bureau. Au Bangladesh, les blogueurs sont traqués à mort dans les rues.

Finalement, une idée inquiétante se propage: celle qu’on doit faire taire ceux qui disent des choses qui nous déplaisent. La discrimination est souvent invoquée, à tort ou à raison. Les discours haineux, plus ou moins définis, sont interdits dans des législations axées sur la sécurité nationale. En Turquie, pour ne citer qu’un exemple, le président Recep Tayyip Erdogan ne permet pas les insultes envers lui. Il a récemment demandé que l’Allemagne fasse de même lorsqu’un humoriste allemand a récité un poème satirique à son égard. Le président turc a invoqué une loi ancienne de l’Allemagne qui empêche ses citoyens d’insulter un chef d’État étranger. La chancelière Angela Merkel a dû acquiescer à la demande turque de poursuite contre l’humoriste.

Dans son éditorial, The Economist rappelle que la liberté d’expression est le fondement de toutes les autres libertés. Les lois devraient reconnaître le droit à la liberté d’expression comme presque absolu, les exceptions devraient être rares, selon le magazine : «Les lois sur le blasphème sont des anachronismes. Une religion devrait être ouverte au débat. Les lois contre le discours haineux sont trop subjectives pour fonctionner et sont souvent mal utilisées. Bannir des mots, ou des arguments qu’un groupe trouve offensants ne mènent pas à l’harmonie sociale», peut-on y lire.

Pour plus d’information :

The Economist : Free speech – Under attack

 

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