Dharamsala, le 5 mai 2017
Chères collègues et amis,
Sa Sainteté le Dalai Lama était hier à Dharamsala et nous avons eu l’honneur de nous réunir avec lui. Il a été heureux de connaître le soutien constant de PEN International aux écrivains tibétains. Il nous a dit que la défense du peuple tibétain est, bien sûr, une question de défense des Droits Humains universels. Il a souligné qu’il s’agissait aussi de droits politiques, puisque les tibétains ont aussi le droit à se gouverner eux-mêmes. Au cœur de sa vision, néanmoins, il y a le souci pour le saccage de la terre, car les autorités chinoises détruisent les paysages et les rivières. Ces rivières, il nous a expliqué, qui descendent du plateau tibétain donnent vie à un billion de personnes.
Quand nous lui avons raconté que la prochaine campagne de « Faites de la Place (Make Space)» serait dédié aux écrivains en exil, il a dit : « Vous avez tout mon soutien. » Sa Sainteté a donné un message pour la communauté de PEN, nous demandant de « mettre en pratique un esprit pacifique pour un monde de compassion. »
Accompagnés par ces paroles, nous voudrions partager avec vous les activités des semaines et mois récents en relation avec le Tibet, l’Inde, la Turquie et la Russie.
Nous vous écrivons depuis Dharamsala, le siège du gouvernement tibétain en exil et la ville où le Centre PEN d’Écrivains Tibétains en Exil a son bureau. Ces jour-ci, le président Lhoudoup Palsang, la secrétaire générale Nyima Tso et le conseil du centre nous ont introduit à tous les niveaux de la société civile tibétaine en exil. Leur très courageux travail est vraiment notable. Nos collègues tibétains font sortir du Tibet des livres écrits dans la clandestinité, qu’ils impriment en Inde. Ils ont publié un rapport sur la liberté d’expression et les écrivains emprisonnés au Tibet. Ils documentent la condition de la femme avec, notamment, les cas dramatiques d’histoires de mariages forcés entre des femmes tibétaines et des hommes chinois. Une partie de leur combat quotidien est la défense de la langue tibétaine. Nous avons célébré la poésie tibétaine, la musique et la danse, et avons participé à des conférences dans des instituts culturels et couvents de sœurs dans lesquels PEN Tibet développe plusieurs programmes pour les jeunes.
Après sa réunion en Afrique du Sud de 2016, le Comité de Traduction et Droits Linguistiques de PEN s’est réuni à Bangalore, capitale de l’état indien du Karnataka. Les centres asiatiques ont été invités et participé activement au CTDL. La rencontre a eu lieu la semaine passée et a été une célébration des littératures indiennes : plus de cinquante délégués de l’Inde ont ajouté leurs voix à celles ces membres du comité et leur contribution aux session à été constante. Nous avons été bienvenus par Arshia Sattar et son équipe de collaborateurs, qui sont le noyau du réseau d’écrivains qui sont en train de créer un nouveau Centre PEN du Sud de l’Inde qui connecte les communautés littéraire en six langues : Tamil, Malayalam, Telugu, Konkani, Kannada et Urdu. En continuité avec les débats africains de 2016 qui prônaient la traduction réciproque des littératures nationales africaines, le CTDL a défini sa mission dans la promotion de réseaux de traducteurs, éditeurs et écrivains. La priorité est la traduction réciproque des littératures indiennes et l’inclusion de ces voix dans la conversation littéraire internationale. Urvashi Butalia, présidente de PEN Delhi, était présente aussi et a partagé son expérience d’éditeur qui a ouvert un marché pour les textes féministes. Nous avons eu l’honneur d’une conférence brillante du professeur Ganesh Devy, qui a demandé à l’audience : « Comment maintenir vivante l’idée de l’Inde ? La traduction est l’arme la plus puissante. » Un climat politique très chargé, dans lequel les autorités indiennes souvent demandent aux auteurs et éditeurs de présenter leur excuses quand ils ont des problèmes face à des groupes qui se disent offensés et deviennent violents, souligne avec force le besoin d’un présence active de PEN en Inde aujourd’hui.
Vous avez reçu notre appel à l’action d’il y a deux jours, lors de la journée internationale de la liberté de la presse du 3 mai, pour protéger les journalistes touchés par la répression en Turquie. Fin janvier, PEN a envoyé la plus large mission jamais envoyée dans un pays en Turquie (LINK) avec trois objectifs : demander aux autorités la libération des plus de 150 journalistes emprisonnés ; manifester personnellement la solidarité avec les écrivains et éditeurs victimes de la répression; et dénoncer la persécution systématique des droits culturels et linguistiques du peuple kurde. Lors de la soirée littéraire de cette mission nous avons rendu hommage à la mémoire de Hrant Dink et Tahir Elçi et nous avons écouté Aslı Erdoğan et Necmiye Alpay dire l’importance de la solidarité de PEN avec les écrivains turques. La soirée s’est close avec les paroles de Per Wästberg, président émérite de PEN International et le président du jury du prix Nobel de Littérature, qui a cité un autre ancien président de PEN, Heinrich Böll: «La littérature n’a pas besoin de liberté. La littérature est liberté.»
Les derniers mois ont été un défi très considérable pour le PEN Russe. En janvier, Ludmila Ulitskaya, Lev Rubenstein, Svetlana Alexievich et autres écrivains ont rendu leurs carnets du PEN Russe et renoncé à en être les membres. Ceci après que leur appel publique pour la libération de prison du cinéaste Oleg Sentsov ai été mis en échec par l’opposition du conseil de centre Russe de PEN. Lors de la réunion du conseil international de PEN de la mi-janvier, il a été décidé à l’unanimité d’envoyer une mission en Russie pour parler avec toutes les personnes qui ont participé à cette crise du PEN Russe. Donc, du 19 au 23 mai, le vice-président Eugene Shoulgin, la secrétaire internationale Kätlin Kaldma et le directeur exécutif se rendront à Moscou et à St. Petersburg et feront le rapport de cette mission lors de la réunion du conseil international du mois de juin. A ce stade, rappelons seulement qu’en janvier, lors des prix PEN International/Oxfam-Novib à La Haie, les conférences de Mikael Shishkin et Jennifer Clement ont manifesté leur préoccupation pour ces développement au sein du PEN Russe.
Dans l’attende de rencontrer beaucoup parmi vous à Lillehammer dans quelques semaines.
Amitiés,
Jennifer Clement
Presidente, PEN International
Carles Torner
Directeur exécutif, PEN International