Depuis deux ans déjà, règne la pandémie de la COVID-19… et depuis six ans déjà, l’écrivain et député turc Selahattin Demirtaş, accusé de « terrorisme » par Ankara, croupit en prison.
Nous vous en avons déjà parlé, nous récidivons.
Ne l’oublions pas.
L’écrivain Selahattin Demirtaş, Kurde de Turquie, est un avocat des droits de la personne, leader charismatique du HDP, parti d’opposition pro-kurde et féministe. Il est incarcéré depuis le 4 novembre 2016 à Edirne, aux confins de la Grèce et de la Bulgarie. Il a été condamné en 2018 à 4 ans et demi de détention pour « propagande terroriste ». Le 22 décembre 2020, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a sévèrement condamné la Turquie et demandé la libération immédiate de Demirtaş. Le député emprisonné est l’auteur de L’Aurore, écrit en prison et paru en 2018, qui a obtenu le prix Montluc Résistance et liberté, ainsi que le prix Lorientales. Il a aussi publié Et tournera la roue en 2019. En novembre 2021, son épouse Basak Demirtaş a été condamnée à deux ans et demi de prison pour avoir produit un certificat médical « douteux », aux dires des autorités turques.
Mardi le 11 janvier 2022, c’est de la prison d’Edirne que l’écrivain a remercié le jury qui lui a décerné le prix François Mitterrand, avec la mention suivante : « l’Institut François Mitterrand entend saluer le combat d’une personnalité exemplaire qui cherche inlassablement, au prix aujourd’hui de sa liberté, à rassembler pacifiquement toutes les forces progressistes pour défendre pratiquement la démocratie et les droits des minorités, en Turquie comme ailleurs dans le monde ».
Voici un extrait du discours de remerciement de Selahattin Demirtaş : « Quelle fierté pour moi de recevoir le prix de l’Institut François Mitterrand […]. Comme des millions de Kurdes, je connais la valeur de ce nom […], gravé dans nos mémoires car, à nos yeux, il illustre – et avec quelle grandeur! – les valeurs européennes. Comme vous le savez, en dépit des décisions de la Cour européenne des droits de l’Homme, je ne peux pas être parmi vous, hélas. Je suis toujours détenu à la prison d’Edirne. Mais je sais qu’avec votre soutien, et avec notre résistance, cette profonde injustice qui bafoue les valeurs que nous partageons prendra fin, un jour. Ce prix, c’est à moi qu’il a été remis, mais je l’accepte au nom de tous les membres du HDP qui sont aujourd’hui en prison. Encore une fois, nous vous témoignons notre profonde gratitude ».
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