
- 24 février 2022
Le rapporteur spécial pour la liberté d’expression de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), Pedro Vaca, a qualifié la répression qui sévit actuellement au Nicaragua de « dramatique » et s’est dit « extrêmement préoccupé » des mécanismes de censure et des peines d’un système judiciaire « qui ne peut être qualifié d’autonome ou indépendant. »
« La communauté internationale et la Commission interaméricaine des droits de l’homme, en particulier, lui ont fait part de leurs préoccupations concernant les garanties de ces procès, l’instrumentalisation du droit pénal et l’appel pressant pour la libération de toute personne poursuivie de façon arbitraire », a affirmé Vaca dans une déclaration faite à La Voz de América (VOA).
Il a souligné que la presse nicaraguayenne avait radicalement changé dans ce contexte. « De nombreux journalistes sont partis », a-t-il déclaré. Il a également souligné qu’une autre partie [de la presse] qui reste au Nicaragua « prend de très gros risques et continue de transmettre une information d’un grand intérêt pour le public. »
Le chroniqueur sportif, Miguel Mendoza, condamné à 9 ans de prison.
Le célèbre chroniqueur sportif Miguel Mendoza a été condamné à neuf ans de prison. De plus, on lui interdit d’exercer une fonction publique pendant la durée de sa peine, selon un jugement rendu le 16 février 2022 par un magistrat de Managua, qui l’a déclaré coupable de « complot visant à porter atteinte à l’intégrité nationale » et de « diffusion de fausses nouvelles. »
« Toute la procédure pénale contre le journaliste nicaraguayen Miguel Mendoza n’a été qu’une tentative évidente de la part des autorités pour réduire au silence toute personne qui oserait les remettre en cause », a déclaré Natalie Southwick, coordonnatrice du Programme pour l’Amérique latine et les Caraïbes du Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
« On n’aurait jamais dû arrêter Mendoza, ni même le laisser passer un seul jour en prison. Cette peine sévère montre plus clairement que jamais que le gouvernement de Daniel Ortega considère les journalistes critiques comme des opposants politiques qui doivent être réprimés », a-t-il ajouté.
Miguel Mendoza est le deuxième journaliste condamné à une peine de prison dans le cadre des procès entamés par le gouvernement le 1er février dernier. Le 11 février, une juge locale a condamné à 13 ans de prison l’ancien directeur de la chaîne 100 % Noticias et candidat à l’élection présidentielle, Miguel Mora, également détenu au centre pénitentiaire « El Chipote » et arrêté pour la deuxième fois depuis 2018.
Vous pouvez lire le rapport de Fundamedios « Le régime de Daniel Ortega a condamné le journaliste Miguel Mendoza à 9 ans de prison. »
Carlos F. Chamorro : « Une action concertée à l’échelle internationale fait défaut. »
Le célèbre journaliste Carlos Fernando Chamorro a averti la communauté internationale qu’elle doit unir sa voix contre le régime nicaraguayen, face à l’escalade de la répression et de la censure que connaît le pays, en plus de l’incarcération de dirigeants de l’opposition que l’on a commencé à condamner dans le cadre de procès politiques arbitraires, à coup de faux témoignages et de crimes créés de toutes pièces.
Le pape François et les gouvernements du Mexique et de l’Argentine continuent de garder le silence et évitent de condamner la violation des droits de la personne par le gouvernement Ortega, a commenté Chamorro dans une entrevue à la télévision allemande Deutsche Welle.
« Il y a eu une déclaration de l’Union européenne (UE), mais il manque une action concertée de la part de nombreux gouvernements et autorités morales pour attirer l’attention sur la crise au Nicaragua. Daniel Ortega et Rosario Murillo ne céderont pas s’ils ne sont pas vraiment soumis à une pression extrême », a-t-il mis en garde.
« Au Nicaragua, on viole les ̋ règles de Nelson Mandela ̏ élémentaires du droit humanitaire des prisonniers. Les Nicaraguayens veulent sortir de la dictature, nous voulons que Ortega et Murillo s’en aillent, nous voulons qu’ils se soumettent à la justice, nous voulons qu’il y ait une transition démocratique. Mais d’abord nous voulons sauver les prisonniers politiques », a dit Chamorro, qui est en exil et dont les frère et sœur Cristiana (assignée à résidence) et Pedro Joaquín Chamorro, ainsi que ses cousins Juan Sebastián Chamorro et Lorenzo Holmann, sont en prison.