
La Journée internationale de la langue maternelle, qui a lieu chaque année le 21 février, vise à promouvoir la diversité linguistique et culturelle ainsi que le multilinguisme.
Pour marquer cet anniversaire, PEN International présente le cas d’Ales Bialiatski, écrivain biélorusse, défenseur des droits de la personne, lauréat du prix Nobel de la paix et membre de PEN Biélorussie, détenu depuis 2021 et dont le procès est en cours.
Son cas illustre le type de menaces et d’attaques subies par les écrivains et les journalistes du monde entier simplement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression. Il illustre également le type d’oppression que subissent les écrivains et les journalistes qui ne peuvent pas s’exprimer dans leur langue indigène ou minoritaire.
Le respect de toutes les langues et de toutes les cultures est fondamental à la construction et au maintien du dialogue et de la paix dans le monde. Manifeste de Girona sur les droits linguistiques de PEN International, 2011.
Agissez dès aujourd’hui pour libérer Ales Bialiatski
Ales Bialiatski (Biélorussie)
Ales Bialiatski est un écrivain, membre de PEN Biélorussie, lauréat du prix Nobel de la paix et fondateur du Centre des droits humains Viasna (Viasna), une organisation qui fait campagne pour les militants de l’opposition harcelés et persécutés par les autorités biélorusses.
Le procès de Bialiatski est en cours à Minsk. Il risque jusqu’à 12 ans de prison en raison de son travail en faveur des droits de la personne et de ses écrits critiques à l’égard des autorités biélorusses. Le verdict sera annoncé le 3 mars 2023.
En mars 2021, le comité d’enquête biélorusse a ouvert une enquête contre Viasna dans le cadre d’une large répression des médias indépendants et des organisations de la société civile. Bialiatski a été convoqué pour un interrogatoire le mois suivant. Le 14 juillet 2021, il a été placé en détention aux côtés de plusieurs collègues de Viasna, à la suite de perquisitions effectuées par les forces de l’ordre biélorusses contre plus d’une douzaine d’organisations de la société civile et de défense des droits de la personne. Il a été placé en détention provisoire trois jours plus tard sur la base d’accusations d’évasion fiscale, forgées de toutes pièces.
Le procès de Bialiatski s’est ouvert au tribunal du district Lieninski de Minsk le 9 janvier 2023. Il est jugé aux côtés de deux collègues de Viasna — Valiantsin Stefanovich, membre du conseil d’administration, et Uladzimir Labkovich, avocat. Tous sont accusés de contrebande (article 228.4 du code pénal biélorusse), d’organisation et de financement d’actions portant gravement atteinte à l’ordre public (article 342.2 du code pénal biélorusse). Tout au long du procès, Bialiatski a demandé à plusieurs reprises que le procureur et le juge conduisent le procès en biélorusse, en vain. Selon Viasna, Bialiatski a notamment déclaré :
La situation concernant la langue utilisée au tribunal semble être extraordinaire : le procureur et le juge ont refusé catégoriquement de parler biélorusse, bien que je sois, en tant qu’accusé, une personne parlant cette langue dans la vie. Je parle, j’écris et je pense en biélorusse. Je vous rappelle que la langue biélorusse est une langue d’État, et que vous, en tant que fonctionnaires de l’État, devriez connaître deux langues d’État, dont le biélorusse, et ne pas avoir de mal à prononcer deux mots. Vous êtes donc obligés de parler, en conséquence, en biélorusse avec les citoyens parlant biélorusse. Par exemple, comme le prévoit la loi sur les appels des citoyens, si vous écrivez en biélorusse, tout fonctionnaire vous répondra en biélorusse. Cela m’a mis dans une position d’inégalité avec l’accusation. Je n’ai pas eu la possibilité d’expliquer ma position de manière approfondie et détaillée, de contester l’accusation injuste et insensée.
Ce n’est pas la première fois que Bialiatski est pris pour cible par les autorités biélorusses. Le 4 août 2011, il a été arrêté sur la base d’accusations fallacieuses d’évasion fiscale, pour avoir utilisé ses comptes bancaires personnels en Lituanie et en Pologne pour financer Viasna, l’organisation n’étant pas autorisée à détenir un compte bancaire en Biélorussie. Le 24 novembre 2011, il a été condamné à quatre ans et demi d’emprisonnement dans une colonie pénitentiaire de haute sécurité. Les membres de PEN ont activement fait campagne pour sa libération; il a été amnistié en juin 2014.
Bialiatski est lauréat du prix Nobel de la paix 2022, aux côtés de l’organisation russe de défense des droits de la personne Memorial et de l’organisation ukrainienne de défense des droits de la personne Center for Civil Liberties – un hommage approprié à leur travail téméraire.
Répression contre la langue et la littérature biélorusses
La stigmatisation et la répression de la langue et de la littérature biélorusses en Biélorussie, où les autorités cherchent à affirmer la domination de la langue russe depuis des décennies, se sont aggravées depuis que la Fédération de Russie a lancé une invasion à grande échelle de l’Ukraine le 24 février 2022. Des dizaines de maisons d’édition indépendantes ont été perquisitionnées pour avoir promu des livres d’écrivains biélorusses et en langue biélorusse, et leurs activités ont été suspendues sous des prétextes farfelus. PEN Biélorussie a recensé 998 violations des droits culturels et des droits de la personne à l’encontre de personnalités du monde de la culture rien qu’entre janvier et septembre 2022.
PEN International soutient depuis longtemps PEN Biélorussie dans la promotion de la langue biélorusse, notamment par le truchement d’une résolution de 2019 appelant les autorités biélorusses à :
- Respecter l’article 17 de la Constitution de la Biélorussie, qui consacre le biélorusse comme langue officielle;
- Respecter, protéger et réaliser le droit de tous ceux qui parlent le biélorusse de s’exprimer dans cette langue et et à promouvoir et diffuser les ouvrages rédigés en biélorusse;
- S’assurer que ceux qui souhaitent suivre un enseignement en biélorusse, y compris dans leurs études supérieures, puissent accéder à de telles opportunités;
- Prendre des mesures effectives pour promouvoir une utilisation plus étendue de la langue biélorusse dans toutes les sphères de la vie, y compris au niveau culturel.
Pour plus d’informations sur les restrictions à la liberté d’expression en Biélorussie, cliquez ici.
Agissez
PEN International demande la libération immédiate et sans condition d’Ales Bialiatski, ainsi que l’abandon de tous les chefs d’accusation retenus contre lui. Voici ce que vous pouvez faire :
Plaidoyer
Écrivez aux autorités biélorusses, en leur demandant de :
- libérer Ales Bialiatski immédiatement et sans condition, et abandonner tous les chefs d’accusation retenus contre lui;
- en attendant sa libération, veiller à ce qu’il puisse communiquer régulièrement avec sa famille, ses avocats et bénéficier de soins de santé adéquats;
- respecter leurs obligations internationales en matière de droits de de la personne et de défendre les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique pour tous.
Envoyez vos appels à :
- Andrei Shved, Procureur général de la République de Biélorussie
Adresse : Vul. Internatsianalnaya 22, 220030 Minsk, Belarus
Courriel : info@prokuratura.gov.by
- Veuillez adresser des copies à l’ambassade de Biélorussie dans votre pays. Les adresses des ambassades peuvent être trouvées ici : https://mfa.gov.by/en/bilateral/belarus/?asd50;
- au ministère des Affaires étrangères de votre pays;
- aux représentants diplomatiques en Biélorussie.
Solidarité
Veuillez envoyer des messages de solidarité à :
Ales Bialiatski (Аляксандру Віктаравічу Бяляцкаму)
SIZO-1, vulica Valadarskaha 2
220030, Minsk, Bélarus
Veuillez trouver un exemple de message ci-dessous :
Cher Ales, nous attendons avec impatience le jour où tu seras libéré. Nous continuons à être à tes côtés et à faire campagne pour ta liberté. Solidarité,
Biélorusse
Дорогой Алесь, мы з нецярпеннем чакаем таго дня, калі Вы будзеце вызвалены. Мы працягваем вас падтрымліваць і змагацца за вашу свабоду. Прыміце нашу падтрымку
L’administration pénitentiaire est plus susceptible d’accepter les messages s’ils sont rédigés en russe :
Дорогой Алесь, мы с нетерпением ждем того дня, когда Вы будете освобождены. Мы продолжаем поддерживать Вас и бороться за Вашу свободу. Примите нашу поддержку
Publicité
Les membres de PEN sont encouragés à :
- publier des articles et des tribunes dans votre presse nationale ou locale afin d’alerter l’opinion sur le cas d’Ales Bialiatski et la liberté d’expression en Biélorussie;
- partager des informations sur Ales Bialiatski et vos activités de campagne sur les médias sociaux. Veuillez utiliser #AlesBialiatski et #FreeViasna;
- consulter le site de PEN International et nos comptes Twitter, Facebook et Instagram pour partager et amplifier nos messages.
Veuillez nous tenir informés de vos activités.