
- 12 juillet
Les autorités turques devraient abandonner toutes les charges retenues contre 18 journalistes actuellement jugés pour des motifs fallacieux de terrorisme à Diyarbakır, dans le sud-est de la Turquie, a déclaré PEN International aujourd’hui. L’organisation demande une nouvelle fois la libération immédiate de 15 d’entre eux, qui sont en détention provisoire depuis juin 2022.
Le 11 juillet 2023, le procès de 18 journalistes kurdes – dont 15 détenus depuis plus d’un an – s’est ouvert devant la 4e Haute Cour pénale de Diyarbakır. L’acte d’accusation de 728 pages leur reprochant d’appartenir à une organisation terroriste a été produit 10 mois après leur arrestation, lorsqu’ils ont été notamment interrogés sur leurs activités journalistiques et leurs publications sur les médias sociaux. La plupart d’entre eux travaillent pour des médias pro-kurdes. Tous nient avoir commis le moindre acte répréhensible et risquent jusqu’à 15 ans de prison s’ils sont reconnus coupables.
« L’intention du gouvernement turc de supprimer toute critique de ses politiques et de réduire la presse au silence est un moyen de faire obstacle à tout appel à la liberté. Son rêve est de créer une société silencieuse où personne ne sera dissident ou ne dira la vérité. L’opposition kurde, avec sa presse et ses représentants élus, est l’une des principales cibles de ce siège. Les journalistes de Diyarbakır doivent être libérés immédiatement, et tous les obstacles à la liberté d’expression doivent être levés afin de parvenir à la paix, à la fraternité et à l’égalité dans le pays » , a déclaré Burhan Sonmez, président de PEN International.
Informations complémentaires
Le 8 juin 2022, 20 journalistes et un employé des médias ont été arrêtés à la suite de perquisitions à Diyarbakır, dans le cadre de deux enquêtes criminelles distinctes menées par le bureau du procureur de Diyarbakır. Les bureaux de Jin News, Pel Production, Piya Production et Ari Production ont également été perquisitionnés, et les policiers ont confisqué des caméras, des ordinateurs, du matériel d’information et autres documents. Bien que le silence ait été imposé sur les enquêtes, les médias pro-gouvernementaux ont rapporté que les perquisitions ont été effectuées dans le cadre d’une opération anti-terroriste visant le « Comité de presse » du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Les journalistes et l’employé des médias ont été placés en garde à vue pendant huit jours. Ni eux ni leurs avocats n’ont reçu d’informations sur les opérations ou les enquêtes. Le 16 juin, les détenus ont été interrogés sur leurs activités journalistiques et leurs publications sur les médias sociaux, et on leur a notamment demandé ce qu’ils pensaient du PKK. Plus tard dans la journée, la Cour a ordonné l’arrestation de 16 d’entre eux pour « forte suspicion d’appartenance à une organisation terroriste »; les autres ont été remis en liberté surveillée et soumis à une interdiction de voyager. Ils doivent également se présenter au poste de police deux fois par mois. PEN International a publié une déclaration à l’époque, appelant à leur libération. Le 12 avril 2023, 18 des accusés ont été officiellement inculpés d’appartenance à une organisation terroriste. Lezgin Akdeniz, Serdar Altan, Zeynel Abidin Bulut, Ömer Çelik, Suat Doğuhan, Mehmet Ali Ertaş, Ramazan Geciken, Mazlum Doğan Güler, İbrahim Koyuncu, Abdurrahman Öncü, Aziz Oruç, Mehmet Şahin, Remziye Temel, Neşe Toprak et Elif Üngür sont toujours derrière les barreaux. Esmer Tunç, Kadir Bayram et Mehmet Yalçın ont également été inculpés mais sont libres dans l’attente de leur procès. En septembre 2022, l’assemblée des délégués de PEN International a adopté une résolution sur la répression de la langue et de la culture kurdes en Turquie, qui demandait spécifiquement aux autorités de mettre fin aux poursuites et à la détention d’écrivains et de journalistes sur la base du contenu de leurs écrits, y compris en faveur de la langue et de la culture kurdes.