Turquie : acquittement bien accueilli dans l’affaire OdaTV, mais des dizaines de journalistes toujours détenus

12 avril 2017 – Le Centre québécois du P.E.N. International salue l’acquittement prononcé aujourd’hui dans l’affaire OdaTV et appelle les autorités turques à relâcher immédiatement tous les prisonniers incarcérés pour avoir exercé leurs droits de liberté d’opinion et d’expression, et à mettre fin aux poursuites et à la détention de journalistes sur la simple base de leur contenu journalistique ou de leurs alliances présumées.


L’affaire OdaTV remonte à 2011 lorsque 13 individus, incluant dix journalistes renommés, un intellectuel, un ancien policier et un officier des services secrets (mort en prison en 2011) ont été accusés d’être le bras médiatique d’une organisation nationaliste terroriste secrète d’extrême-droite connue sous le nom d’« Ergenekon ». Plusieurs des accusés ont fait l’objet d’une détention provisoire, certains pendant plus d’un an, au cours de l’enquête.


Il aura fallu six longues années aux autorités turques pour obtenir un verdict. Le Centre québécois de P.E.N. International à un examen approfondi de l’enquête criminelle et des procès ultérieurs afin de s’assurer que ceux qui sont responsables de cette erreur judiciaire soient tenus responsables. Des mesures urgentes doivent être prises afin de garantir l’indépendance de la police et du système de justice et prévenir que de telles erreurs judiciaires se reproduisent dans d’autres cas.


Le journaliste d’enquête primé Ahmet Şık, qui a été acquitté aujourd’hui, est dans une position inhabituelle, étant jugé dans deux cas séparés et contradictoires : support à l’organisation terroriste Fethullah Gülen (FETÖ) et au Parti des travailleurs du Kurdistan. Son arrestation remonte au 29 décembre 2016 et il demeure en détention provisoire depuis. Le Centre québécois de P.E.N. International demande sa libération immédiate et inconditionnelle.

Contexte

En février 2017, P.E.N. International et d’autres groupes de défense des droits de l’homme ont suivi les audiences de plusieurs affaires pénales contre des journalistes et défenseurs des droits de l’homme en Turquie, incluant l’affaire OdaTV. À l’audience précédente, le 14 décembre 2016, le procureur demanda que les douze accusés soient acquittés, arguant l’insuffisance des preuves de l’existence de l’organisation « Ergenekon ».

Depuis le coup d’État raté du 15 juillet 2016, les autorités turques répriment la liberté d’expression, provoquant un silence quasi total des voix critiques. Au moins 141 écrivains et journaliste sont toujours en prison, ce qui fait de la Turquie le plus grand emprisonneur de journalistes dans le monde.

Félix Villeneuve
Responsable du Comité de Défense des Écrivains Persécutés (CODEP)
Centre québécois du P.E.N. International
et
Gaston Bellemare
président du Centre québécois du P.E.N.

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