Le 19 mai 2017 – Une nouvelle série d’arrestations au Sözcü, un des trois quotidiens les plus lus en Turquie, révèle encore une fois que les autorités turques sont résolues à combattre la liberté d’expression, déclarait aujourd’hui PEN International.
La police antiterroriste a mis en état d’arrestation le directeur du site web du journal, Meda Olgun, et a investi les résidences du propriétaire Burak Akbay, du directeur financier Yonca Kaleli et du reporter Gökmen Ulu. D’après l’agence de presse Anadolu, propriété de l’État, la septième Cour criminelle de la paix d’Istanbul a lancé des mandats d’arrestation à l’endroit de Kaleli, d’Ulu ainsi que d’Akbay, dont on dit qu’il a quitté le pays. L’agence annonçait aussi que le bureau du procureur en chef d’Istanbul a lancé une enquête sur des accusations de «crimes commis pour le compte du FETÖ (organisation terroriste fetullahiste) sans en faire partie», ce qui aurait «facilité une attaque armée contre le gouvernement de la République de Turquie» et «favorisé un assaut contre le président».
«Nous sommes les témoins oculaires du démantèlement total de la presse libre de Turquie. Dans la Turquie d’aujourd’hui, la liberté d’expression et la pensée critique sont des actes criminels. PEN International constate avec consternation les attaques flagrantes continuelles contre les voix dissidentes et indépendantes et continuera de soutenir nos amis et collègues de Turquie», déclarait Jennifer Clement, présidente de PEN International.
Les accusations résultent d’une nouvelle publiée par le quotidien Sözcü le 15 juillet 2016 — « Sözcü a repéré Erdoðan» — dans laquelle le reporter Gökmen Ulu parlait de la station balnéaire de Marmaris où logeait le président Erdoðan. L’hôtel a été attaqué par des militaires à la recherche du président dans la nuit de la tentative de coup d’État.
En réponse à ces allégations, l’avocat du quotidien Sözcü a fait valoir que l’enquête avait traîné pendant des mois et que les procureurs chargés de l’affaire avaient été remplacés six fois, après qu’il eut présenté sa défense de 70 pages aux procureurs précédents, qui n’avaient décelé aucune activité criminelle.
La presse généraliste turque a été pratiquement muselée depuis la tentative de coup d’État. D’après les dossiers de PEN International, 29 maisons d’édition, 15 chaînes d’information, quatre agences de presse et 45 journaux régionaux ou nationaux ont été fermés pendant ces 11 mois, tandis que 163 journalistes étaient retenus derrière les barreaux.
Sözcü est le plus grand quotidien d’opposition au pays, avec 271 000 lecteurs et lectrices, et une des dernières sources critiques encore publiées.
PEN International prie les autorités turques de mettre fin aux ingérences de l’exécutif auprès des médias indépendants et à toute persécution ou détention de journalistes basée uniquement sur leurs écrits ou leurs prétendues affiliations.
L’organisme réclame aussi que les autorités mettent fin à l’état d’urgence et limitent leurs enquêtes sur les responsables du coup d’État aux individus accusés d’être directement impliqués dans des activités criminelles, en se fondant sur des preuves, et que les procédures établies soient garanties par les normes internationales et le droit à un procès équitable.
Pour plus d’information, communiquer avec Aurélia Dondo, PEN International, Koops Mill, 162-164 Abbey Street, London, SE1 2AN, Tél. : +44 (0) 20 7405 0338 Fax +44 (0) 20 7405 0339 Courriel : Aurelia.dondo@pen-international.org
Traduction de François Barcelo, membre
et
Félix Villeneuve
Responsable du Comité de Défense des Écrivains Persécutés (CODEP)
Centre québécois du P.E.N. International
Gaston Bellemare C.M.,O.Q., D.h.c.
Président
Centre québécois du P.E.N. International
3492, rue Laval
Montréal (Qc)
H2X 3C8 Canada
gbellema@cgocable.ca ou quebec.pen@gmail.com