De Morrison à Neruda, en passant par Murakami : le PEN ouvre ses archives

Antoine Oury – 26.07.2017

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Le PEN International est une organisation aux ramifications dans de multiples pays, qui lutte pour la liberté d’expression des écrivains face à la censure. Fondée en 1922 à New York, la filiale américaine du PEN, PEN America, propose désormais ses archives en ligne, soit des dizaines d’heures d’enregistrements des plus grands écrivains au monde : Toni Morrison, Pablo Neruda, Haruki Murakami, Arthur Miller, Mario Vargas Llosa, Margaret Atwood…

Plus d’un demi-siècle d’histoire littéraire et de ceux qui l’ont faite : la PEN America Archive est d’ores et déjà incontournable pour tous ceux qui souhaitent se documenter sur la littérature du XXe siècle, et sur les obstacles qu’elle a dû affronter. Le projet date du mois de décembre 2011, lorsqu’un certain nombre d’administrateurs du PEN se sont retrouvés dans la bibliothèque de l’université de Princeton, dans le New Jersey, aux États-Unis.

C’est ici que les archives du PEN America, vendues en 1994 à l’université, sont entreposées : elles remontent jusqu’à 1921, sous forme écrite, audio ou vidéo. Petit problème : au moment de fouiller dans ses archives pour en extraire les meilleurs passages, susceptibles de représenter dignement l’organisation pour ses 90 ans, l’université de Princeton en refuse l’accès au PEN… Un comble !

Les conservateurs de Princeton se sont expliqués : la plupart des enregistrements, qui composent le gros des archives, étaient si fragiles qu’une seule lecture pouvait les faire disparaître à jamais. Une fois la tension retombée, le PEN America s’est lancé dans la recherche d’une solution : avec l’Andrew W. Mellon Foundation, la National Endowment for the Humanities [organisation gouvernementale dédiée au patrimoine] et les Archives nationales américaines, le PEN a restauré quelque 1500 heures d’enregistrements audio et vidéo. (via le HuffPost)

Inutile de souligner que certains documents valent de l’or : on retrouve par exemple un enregistrement réalisé à l’occasion de la première visite de Pablo Neruda aux États-Unis, en 1966, pour participer à une table ronde sur… la place de l’écrivain à l’ère électronique.

Autre écrivain rare, Haruki Murakami, avec Jay McInerney, en mars 1991.

Retour en 1966, avec cette fois une table ronde sur les sciences sociales, essentiellement en français avec Heinz Kamnitzer, Maurice Nadeau, Leon Edel, Ramón Parres, Leda Mileva, Cheikh Hamidou Kane et Ralph Ellison autour de la table, excusez du peu !

Autre moment mémorable, la première manifestation d’écrivains américains en soutien à Salman Rushdie, en 1989, alors que celui-ci venait d’être condamné à mort par une fatwa prononcée par l’ayatollah Rouhollah Khomeini.

Il faudra être anglophone, la plupart du temps, pour suivre les débats, mais quelques auteurs français sont présents. Il est possible de naviguer dans les archives par nom d’auteur, ce qui rend les recherches plutôt aisées. Les archives de PEN America sont à cette adresse.

 

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