Journée de l’écrivain emprisonné 2020 – Agissez pour Paola Ugaz

Paola Ugaz est une journaliste d’investigation, rédactrice et écrivaine péruvienne. Elle affronte une campagne de harcèlement judiciaire, de menaces et de poursuites pour diffamation en raison de ses enquêtes sur des actes de corruption et des abus physiques, psychologiques et sexuels commis au sein de l’organisation religieuse péruvienne Sodalicio de Vida Cristiana, sur laquelle elle enquête depuis 2010.

 Photo : Maria Garcia Burgos

En 2015, Pedro Salinas et Paola Ugaz ont publié le livre Mitad monjes, mitad soldados (Mi-moines, mi-soldats) (Planeta, 2015), qui a dévoilé le plus grand scandale au sein d’une organisation catholique au Pérou. Peu de temps après, Paola Ugaz a annoncé qu’elle publiait un nouveau livre (à paraître) sur la gestion financière du groupe, et a commencé à faire l’objet de plaintes et de poursuites judiciaires à partir de ce moment.

Paola Ugaz a été poursuivie au moins cinq fois en justice pour la publication du livre et pour ses enquêtes journalistiques. Le 2 octobre 2020, elle a reçu des menaces de mort sur son compte Instagram et, le 27 octobre 2020, une nouvelle audience s’est tenue, au cours de laquelle le juge a décidé d’entamer une procédure judiciaire à son encontre pour diffamation aggravée. Le procès découle d’une des plaintes déposées par Luciano Revoredo Rojas, ancien candidat au Congrès et directeur du site web d’information et d’opinion catholique conservateur La Abeja. Luciano Revoredo a écrit qu’il était impliqué dans l’organisation dans les années 1980, et La Abeja a publié de nombreux articles défendant le groupe contre les critiques. Si elle est reconnue coupable, Paola Ugaz pourrait être condamnée à une peine de trois ans de prison et à de lourdes amendes financières, conformément au code pénal péruvien.

Le 12 novembre 2020, un juge décidera si un autre procès doit être entamé, à l’initiative du travailleur de « Sodalicio », Carlos Alberto Gomez de la Torre Pretell, qui a poursuivi Paola Ugaz pour diffamation à la suite de sa participation, dans une déclaration de 40 secondes diffusée par Al Jazeera, à un documentaire intitulé « Le scandale du sodalitium ».

Parallèlement, Paola Ugaz a été victime d’une campagne de diffamation et de désinformation visant son travail de journaliste qui, sans aucune preuve, l’associe notamment à des réseaux criminels présumés, au blanchiment d’argent et au commerce d’uranium et de plutonium, en outre. Des données privées concernant ses enfants mineurs et son collègue Pedro Salinas, co-auteur du livre, ont été publiées aussi.

PEN International considère que les accusations, les menaces et le harcèlement judiciaire dont est victime la journaliste Paola Ugaz constituent une violation de son droit à la liberté d’expression, ainsi que de ses droits civiques et politiques. PEN appelle les autorités péruviennes à mettre fin immédiatement au harcèlement judiciaire infligé à Paola Ugaz en raison de son travail de journaliste. PEN demande aux autorités de rejeter toutes les charges retenues contre Ugaz, et demande qu’elles la placent sous protection immédiatement.

Agissez : partagez sur Twitter, Facebook et les autres médias sociaux à l’aide de l’hashtag #ÉcrivainEmprisonné   #PaolaUgaz

Nous vous invitons à envoyer des appels aux autorités péruviennes :

  • Exprimant que PEN est profondément préoccupe par le fait que Paola Ugaz soit poursuivie et par les procès engagés contre lui pour son travail journalistique, son travail d’investigation et les livres qu’elle a publiés et souhaite publier.
  • Appelant à la suspension des procédures judiciaires à son encontre, puisque les plaintes et les procès contre Paola Ugaz visent à mettre un terme à ses enquêtes, à empêcher la publication de ses livres ainsi qu’à dissuader et à réduire au silence d’autres journalistes dans l’exercice de leur droit à la liberté d’expression.
  • Exhortant les autorités péruviennes à abroger la législation pénales sur la diffamation, toujours en vigueur au Pérou, car elle entrave l’exercice du droits des citoyens à connaître et à demander des comptes à leur gouvernement, et limite la liberté d’expression.

Envoyez des appels au :

Président de la République du Pérou

M. Martín Vizcarra

E-mail : mvizcarra@presidencia.gob.pe

Tél. : +51 3113900 ext. : 7405

Twitter : @MartinVizcarraC @presidenciaperu

Adresse : Jr. de la Unión s / n 1st block

Cercado de Lima, Lima – Pérou

Bureau de la Procureur de la Nation

Mme Zoraida Ávalos Rivera

Procureur de la Nation

E-mail : zavalos@mpfn.gob.pe

Tél. : +51 208 5555 (5202) – (5201)

Twitter @FiscaliaPeru

Adresse : Av. Abancay Cdra 5 (siège de Lima) LIMA – Pérou

Président de la Justice du Pérou

Dr. José Luis Lecaros Cornejo

Président du Conseil de la Magistrature

E-mail : jlecaros@pj.gob.pe

Tél. : (01) 4101010 Annexe 11000

T. @Poder_Judicial_

Address Av. Paseo de la República S / N Palacio de Justicia, Cercado, Lima – Pérou

Médiateur

Walter Gutierrez Camacho

Médiateur

Tél. : 01-311 0300 – Annexe 1202E

E-mail : defensor@defensoria.gob.pe

Adresse : Jirón Ucayali 394 – 398 Lima 1

Envoyez des copies à l’ambassade du Pérou de votre pays. Les adresses des ambassades sont indiquées ici : https://embassy.goabroad.com/embassies-of/peru

Publicité :

Nous encourageons les membres de PEN à :

  • Publier des articles et des tribunes dans leur presse locale ou nationale afin d’alerter l’opinion sur le cas de Paola Ugaz et la liberté d’expression au Pérou ;
    • Partager des informations sur Paola Ugaz et ses activités sur les médias sociaux, et utiliser le hashtag #ÉcrivainEmprisonné ;
    • Partager le travail de Paola Ugaz.

*Veuillez informer PEN International si vous engagez des actions ou obtenez une réponse. Envoyez-nous des rapports sur vos actions. Cela nous est essentiel pour suivre l’impact de notre campagne sur le cas de Paola Ugaz*.

Médias sociaux

Pensez à utiliser le hashtag #ÉcrivainEmprisonné   

Partagez des informations sur Paola Ugaz et ses activités via les réseaux sociaux.

Suggestions de tweets :

  • Stop aux menaces et au harcèlement judiciaire contre Paola Ugaz #ÉcrivainEmprisonné 
  • À l’occasion de la Journée de l’Écrivain Emprisonné  #ÉcrivainEmprisonné, rejoignez PEN et agissez au nom de #PaolaUgaz (insérer un lien vers la page d’action).

Lisez la lettre de solidarité de Elena Poniatowska à Paola Ugaz – écrivez et envoyez-lui votre propre lettre en prison

Ma chère Paola,

Étant moi aussi écrivaine et journaliste, je sais qu’exercer notre profession n’est pas toujours confortable. D’ailleurs, elle n’est pas censée l’être : en effet, nous ne la pratiquons pas pour être aimés. Au contraire, nous nous engageons à dire la vérité, au mieux de nos capacités. Nous sommes convaincus que personne n’est au-delà de toute critique, et certainement aucune institution religieuse ou politique, quelle que soit sa richesse ou sa puissance.

Lorsque je suis témoin du harcèlement que vous devez affronter – les procès interminables, la perspective d’être emprisonnée et verbalisée, et même les menaces de mort que vous recevez – je suis choquée et attristée, mais non surprise.

Je ne suis pas étonnée que certains veuillent nous faire taire alors que nous témoignons pour les personnes qui ne peuvent se faire entendre. Ils ont peur de la vérité, car une fois celle-ci révélée, elle ne peut plus être cachée ou contenue.

Je salue le choix que vous avez fait d’écrire, de parler, de publier, car chaque choix – celui de parler ou de se taire – est politique autant que personnel. C’est un choix qui révèle où se situent vos valeurs et qui souligne votre engagement en faveur d’un monde plus honnête et équitable.

J’espère que cette lettre vous apportera de l’espoir dans vos jours les plus sombres, pas en raison de mes mots, mais de l’attention que cette lettre peut attirer sur vos mots à vous. Parfois, il n’est pas nécessaire d’emprisonner un écrivain pour le réduire au silence. Les personnes au pouvoir peuvent tenter de le faire en menaçant votre réputation, votre voix, votre sécurité ; mais ils ne remporteront pas le combat. Nous ne nous laisserons pas bâillonner !

Ils ne gagneront pas, car nous sommes plus nombreux. Je crois sincèrement que vous et moi ne sommes pas les seules à donner notre voix à ceux qui n’en ont pas. En ce jour, dans le monde entier, plusieurs milliers de personnes rendront hommage à des écrivains et journalistes qui, comme vous, proclament sans peur les vérités que d’autres cherchent à dissimuler. Ils sont avec nous. Nous sommes avec eux.

Elena Poniatowska

Contexte

Paola Ugaz est l’une des dix journalistes les plus importantes du Pérou, et celle qui a fait l’objet du plus important harcèlement judiciaire de ces dernières années. Elle est reporter pour le journal ABC, ancienne correspondante des agences de presse EFE et Europa Press, et a été rédactrice en chef de divers médias numériques. Elle a travaillé comme journaliste d’investigation pour IDL Reporteros, et collabore avec des journaux et magazines d’Amérique latine tels qu’Etiqueta Negra et Etiqueta Verde. Elle est également l’autrice des livres Punche Perú, sur les dockers de Lima et Chincaqkuna, los que se perdieron, sur les disparus du Pérou entre 1980 et 2000. Dans le cadre de son travail de journaliste d’investigation, Paola Ugaz a enquêté notamment sur des questions de corruption, d’abus de pouvoir et de violations des droits humains.

En 2015, Pedro Salinas et Paola Ugaz ont publié le livre Mi-moines, mi-soldats (Mitad monjes, mitad soldados) (Planeta, 2015), qui révèle, à travers 30 témoignages et une enquête, les abus et les mauvais traitements commis au sein du mouvement religieux d’origine péruvienne El Sodalicio de Vida Cristiana. L’enquête a contraint le Sodalicio à organiser différentes commissions d’enquête internes, entraînant l’intervention du Vatican afin que justice soit rendue aux victimes. En 2016, Paola Ugaz et Pedro Salinas ont reçu le Prix National du Journalisme de l’Institut Presse et Société, et le Prix du Journalisme pour la Défense des Droits Humains, décerné par le Coordinateur National des Droits Humains.

En août 2018, Paola Ugaz et Pedro Salinas ont tous deux fait l’objet de la première plainte pour diffamation aggravée déposée par José Antonio Eguren, archevêque de Piura y Tumbes, pour des publications liées à leurs enquêtes. Bien que le juge ait déclaré Pedro Salinas coupable des accusations, la plainte a été rejetée et retirée un an plus tard par l’archevêque lui-même.

Après avoir annoncé un nouveau livre (à paraître) sur la gestion des finances du Sodalicio, Paola Ugaz a commencé à faire l’objet de plaintes et de poursuites de membres du groupe religieux. Le premier procès a été intenté par l’archevêque de Piura, Jose Antonio Eguren, membre de la génération fondatrice du Sodalicio.

En octobre 2018, la plainte contre Paola Ugaz se poursuit, suivie d’une autre plainte liée à sa participation à une interview pour le documentaire Perú : el escándalo del Sodalicio (Le scandale du Sodalicio) pour la chaîne de télévision Al Jazeera. Les poursuites pénales liées à sa participation au documentaire sont encore en cours. En outre, Paola Ugaz a fait l’objet d’une nouvelle plainte pour sa participation au documentaire, en décembre 2019.

Amnesty International reconnaît que les plaintes contre Paola Ugaz portent atteinte au droit à la liberté d’expression. La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) a également exprimé son inquiétude concernant les multiples poursuites pénales pour diffamation intentées contre la journaliste.

Le 21 septembre 2020, la Neuvième Cour Pénale de Lima a tenu la première audience du procès pénal pour diffamation aggravée contre Paola Ugaz et, le 27 octobre 2020, le juge a accepté d’ouvrir le procès contre la journaliste, lors d’une audience où la présence d’observateurs internationaux était interdite. Le procès fait suite à une plainte déposée par Luciano Revoredo Rojas, qui a déclaré avoir été lésé par la journaliste : la plainte introduite contre Paola Ugaz était due au fait que les enfants de M. Revoredo Rojas avaient été mentionnés dans une publication journalistique ; tandis que l’accusateur a publié au moins 24 éditoriaux contre elle, dont certains la lient à des activités illégales.

Quelques jours avant cette audition, près de deux mille personnalités du Pérou, parmi lesquelles des journalistes, d’anciens membres du Congrès, des présidents d’université et des écrivains ont signé une lettre en faveur de la journaliste.

Voici un extrait de la lettre : « Paola Ugaz affiche un bilan impeccable en matière de défense des droits humains et de journalisme d’investigation. Son travail a permis de dénoncer les abus sexuels, physiques et psychologiques perpétrés par l’organisation religieuse Sodalicio de Vida Cristiana (SVC). En attendant la publication imminente d’un deuxième livre sur les finances de l’organisation religieuse sur laquelle elle a enquêté il y a dix ans, le harcèlement judiciaire et médiatique à l’encontre de Paola Ugaz ne cesse de s’intensifier (…). Outre le harcèlement judiciaire, certaines plateformes de diffusion de l’information ont lancé une campagne de diffamation aggravée, qui vise ses enfants et sa vie privée » Le 2 octobre 2020, alors que l’enquête du juge était en cours afin de décider de la pertinence de l’ouverture d’une procédure pénale contre Paola Ugaz, cette dernière a été menacée de mort sur ses médias sociaux, sa vie privée a été évoquée et elle a reçu des messages tels que « Tu vas mourir, toi la rouge. Le Charlie Hebdo péruvien arrive, nous allons

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