Nom : Kakwenza Rukirabashaija
Occupation : Romancier et journaliste
Situation : Détenu, torturé, en cours de jugement dans une affaire, sous enquête dans une autre
#ImprisonedWriter #FreeKakwenza
Kakwenza Rukirabashaija, romancier et journaliste ougandais, est l’auteur de The Greedy Barbarians (Les Barbares avides), un roman qui explore le thème de la corruption à haut niveau dans un pays fictif. Son nouveau livre, Banana Republic: Where Writing is Treasonous (La République bananière : Là où écrire c’est trahir), a été récemment publié. Rukirabashaija y raconte son expérience, y compris celle d’être torturé par des agents de la sureté de l’état, lorsqu’il a été détenu pendant sept jours en avril 2020. Placé en détention sur des accusations supposément reliées à COVID-19, il a été en fait interrogé au sujet de son roman. Il a été inculpé devant le tribunal du délit de « faire un acte susceptible de propager l’infection de la maladie … ». L’État n’ayant pas comparu devant le tribunal pour défendre l’affaire, un tribunal de première instance a rejeté l’affaire et à déchargé Rukirabashaija pour non-comparution du requérant.
Rukirabashaija a été arrêté de nouveau le 18 septembre 2020, à son domicile, dans le district Iganga, comté Kigulu, par des officiers de la CMI (Ugandan Chieftaincy of Military Intelligence). Il a été détenu illégalement pendant trois jours en contravention à la loi ougandaise qui exige que les personnes arrêtées soient inculpées dans un intervalle de 48 heures suivant leur arrestation. Rukirabashaija a été libéré le lundi 21 septembre 2020 sous caution de la police, accusé d’avoir « incité à la violence et promu le sectarisme ». Les conditions de sa libération exigent qu’il se présente hebdomadairement, pendant une période indéfinie, à l’Unité d’investigation spéciale de Kireka, située à 240 km de son domicile, prétendument pour « répondre aux accusations ». Il a relaté que lui-même et sa famille font constamment l’objet d’une surveillance extrajudiciaire par des individus soupçonnés d’être des agents de la sureté de l’état.
PEN International condamne l’arrestation illégale, la détention et le harcèlement continuel de Kakwenza Rukirabashaija, et appelle à ce que tous les chefs d’accusation portés contre lui soient retirés incontinent et sans condition.
Actions
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Lisez la lettre de solidarité de Yann Martel à Kakwenza Rukirabashaija
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Demandez aux autorités de :
- Retirer incontinent et sans condition tous les chefs d’accusation portés contre Kakwenza Rukirabashaija et arrêter toutes les attaques à son droit légitime à la liberté d’expression ;
- Cesser l’application abusive de la loi et l’usage abusif des pouvoirs policiers pour harceler Rukirabashaija simplement parce qu’il critique le régime dans ses écrits et d’autres formes d’expression pacifique ;
- Honorer les obligations régionales et internationales de l’Ouganda en matière de droits de l’homme concernant le respect, la protection et la promotion de la liberté d’expression ;
- Investiguer impartialement les rapports de torture et mettre devant leurs responsabilités les officiers militaires ou de police coupables ;
- Rendre immédiatement ses possessions à Kakwenza Rukirabashaija, que les agents de la sureté de l’état ont illégitimement confisquées ;
- Garantir la sureté et la sécurité personnelles de Kakwenza Rukirabashaija.
Exemple de gazouillis :
Retirez les accusations injustes portées contre Kakwenza Rukirabashaija et investiguez les allégations de torture. #ImprisonedWriter #FreeKakwenza @KagutaMuseveni [ou comptes Twitter des autres contacts ci-dessous]
Yoweri Kaguta Museveni, Président de la République d’Ouganda
Courriel : info@statehouse.go.ug
Tél : +256 414 231 900
Twitter : @KagutaMuseveni
Abel Kandiho, Directeur de la Chieftaincy of Military Intelligence (CMI)
Twitter : @UPDFspokespersn
Martin Okoth Ochola, Inspecteur général de la police
Courriel : info@upf.go.ug
Tél : +256 712 745 013
Twitter : @PoliceUg
William Byaruhanga, Procureur général
Tél : +256 230802/254829
Twitter : @MoJCA_UG
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Nous encourageons les membres de PEN à continuer de :
- Publier des articles et des éditoriaux sur ce cas et sur la situation de la liberté d’expression en Ouganda, dans la presse locale et nationale ;
- Partager des informations sur le harcèlement de Kakwenza Rukirabagaisha par l’état ougandais et sur votre campagne de soutien dans les médias sociaux ; veuillez employer les hashtags #ImprisonedWriter and #FreeKakwenza ;
- Organiser des événements publics, des conférences de presse et des manifestations.
Veuillez nous tenir au courant de vos activités et de vos actions. Cela nous aidera à évaluer l’efficacité de notre campagne.
Exemple de gazouillis :
Lors de la Journée de l’écrivain en prison 2020 #ImprisonedWriter, joignez-vous à @PEN_Int et appelez à ce que les accusations injustes portées contre l’écrivain ougandais Kakwenza Rukirabashaija #FreeKakwenza soient retirées.
Veuillez partager l’image ci-dessus dans les médias sociaux – sur Twitter, Facebook ou Instagram – pour attirer l’attention sur le cas de Kakwenza Rukirabashaija.
“La pandémie de COVID-19 a fourni une excellente excuse aux gouvernements de beaucoup de pays pour régler des comptes en arrêtant, incriminant et intimidant des journalistes et des écrivains dissidents. Le cas de Kakwenza Rukirabashaija ne fait pas exception.”
Salil Tripathi, Président du Comité PEN Ecrivains en prison
#ImprisonedWriter #FreeKakwenza
Faites un don à l’appel : Journée de l’écrivain en prison
Les écrivains en prison comptent sur PEN pour la défense de leur liberté et la confrontation de ceux qui veulent les empêcher de s’exprimer. De l’appui pratique aux écrivains demandeurs d’asile ou en exile, jusqu’à l’emploi de nos diverses plateformes de communication pour partager leurs opinions, en passant par la pression exercée sur différents pouvoirs – ce travail n’est possible que grâce à votre appui.
Lisez la lettre de solidarité de Yann Martek à Kakwenza Rukirabashaija
Cher Kakwenza,
Lorsque je lis ce qui vous est arrivé, ce qui continue à vous arriver, je suis horrifié. Votre faute a été d’écrire. Vous alignez des mots sur un écran, rien de plus. En vous servant des outils de la fiction, vous avez utilisé les mots de votre roman The Greedy Barbarian pour mettre en évidence la corruption qui empoisonne votre pays. Il n’y a rien de mal à cela. La corruption n’est bonne pour personne, pas même pour ceux qui en profitent. À court terme, ils s’en sortent bien, mais leur âme est empoisonnée. Et cette situation aux dépens des autres ne dure jamais. La corruption corrompt toujours sa propre survie, et il faut en payer le prix. Pourquoi alors être corrompu ? Une société civile qui fonctionne bien et qui respecte chaque citoyen est bénéfique pour tous.
Vous écrivez The Greedy Barbarian. Et ensuite ? Le 13 avril 2020, vous êtes arrêté par des officiers des services de renseignement militaire ougandais. Bien sûr, vous êtes déjà au courant de tout cela. Je l’écris parce que d’autres yeux vont lire cette lettre, et ils doivent le savoir, ou il faut le leur rappeler. Vous êtes arrêté, vous êtes détenu pendant sept jours, en violation flagrante de la loi ougandaise, qui exige qu’une personne arrêtée soit inculpée devant un tribunal dans les 48 heures suivant son arrestation, et pendant ces sept jours, vous êtes interrogé et torturé à maintes reprises, subissant des blessures dont vous souffrez encore sept mois plus tard.
Et puis vous avez recommencé. Vous avez écrit un autre roman, The Banana Republic, dans lequel vous narrez votre épreuve douloureuse aux mains de ces officiers militaires corrompus. Le 18 septembre 2020, vous êtes de nouveau arrêté par les mêmes officiers des services de renseignement militaire ougandais. Une fois de plus, vous êtes torturé. Au bout de trois jours, vous êtes libéré.
Pour comble, vous avez été accusé par les personnes qui vous ont torturé « d’incitation à la violence et de promotion du sectarisme ». Pensez-vous qu’ils perçoivent l’ironie de cette accusation ? Je ne le pense pas.
Cher Kakwenza, vous êtes un homme courageux qui a été entendu. Nous savons, ici au Canada, ce que vous infligent les autorités ougandaises. Nous savons, et nous déclarons ici que cela est fondamentalement inacceptable, qu’il s’agit d’une violation scandaleuse des droits fondamentaux de tout être humain. J’espère que la mise en lumière de votre cas vous sauvera de l’obscurité, que vous serez bientôt libre et capable d’écrire vos romans en toute sécurité, et que vos lecteurs le seront également.
Avec tout le respect et l’admiration qui vous sont dus,
Yann Martel
Auteur et parrain du centenaire de PEN International
Contexte
Le 13 avril 2020, le journaliste et romancier Kakwenza Rukirabashaija a été arrêté à son domicile par des officiers de la Chieftaincy of Military Intelligence (CMI). Il a été détenu pendant sept jours avant de ne comparaître en cour de justice et il a informé ses avocats qu’il avait été torturé. Bien qu’il ait été inculpé d’un crime en rapport avec COVID-19, suite à un message qu’il avait diffusé sur son compte Facebook, son interrogatoire s’est concentré sur son roman The Greedy Barbarians (Les Barbares avides) qui explore des thèmes de corruption à haut niveau dans un pays fictif. PEN International a publié une déclaration le 4 mai 2020 qui soulignait la situation de Rukirabashaija et appelait aux autorités ougandaises à retirer ce qui semblait de fausses accusations puisque l’écrivain était pratiquement ciblé à cause de ses écrits. Dans le dernier incident d’arrestation et de détention illégale, les officiers effectuant l’arrestation ont interrogé Rukirabashaija sur son nouveau livre, Banana Republic: Where Writing is Treasonous (La République bananière : Là où écrire c’est trahir), bien que dans les documents officiels que PEN a pu consulter, la police maintienne curieusement que Rukirabashaija est accusé d’« incitation à la violence et promotion du sectarisme ».
PEN s’inquiète sérieusement de la sureté physique et du bien-être de Rukirabashaija qui a informé ses avocats qu’il poursuivait toujours des traitements pour guérir les blessures qui lui avaient été infligées lors de sa détention en avril 2020. En plus, les agents de la sureté de l’état continuent de retenir son ordinateur, son téléphone cellulaire et la banque de stockage de données, bien qu’ils ne soient pas inclus parmi les pièces à conviction de l’affaire judiciaire.
La liberté d’expression en Ouganda
L’Ouganda a ratifié la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) qui garantissent, tous les deux, le droit à la liberté d’expression. La constitution de l’Ouganda garantit elle aussi les droits de l’homme, y compris le droit à la liberté d’expression. Tous ces engagements exigent que les autorités de la République d’Ouganda respectent le droit à la liberté d’expression, y compris la liberté de la parole. Ces obligations nonobstant, les autorités ougandaises ont une longue histoire d’échecs et de refus catégoriques d’honorer les normes internationales en matière de droits de l’homme auxquelles le pays s’est obligé : les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion.
L’emploi abusif des services de la sureté de l’état et l’application abusive de la loi pour empêcher des voix dissidentes de s’exprimer sont ordinaires. Il n’est pas rare que des voix critiques, en particulier celles des écrivains, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme, des activistes de l’opposition politique, des artistes, des étudiants, des universitaires et d’autres qui protestent pacifiquement contre les actions injustes des agents du gouvernement et de l’état soient soumises à des arrestations et détentions arbitraires, et des brutalités, y compris la torture et les poursuites malveillantes.
Des lois répressives, en particulier Public Order Management 2013 (La gestion de l’ordre public 2013) et la vague Computer Misuse Act 2011 (Loi sur le mésusage de l’ordinateur 2011) sont appliquées fréquemment par les autorités pour réprimer les critiques du gouvernement ougandais. Malgré de nombreux appels adressés aux autorités ougandaises par des groupes nationaux et internationaux de défense des droits de l’homme, pour abroger des sections de ces lois qui invalident les obligations et les engagements internationaux de l’Ouganda en matière de droits de l’homme, les autorités continuent à ignorer ces appels.
(Traduit de l’anglais par Carla Taban)