Nom : Osman Kavala
Occupation : Éditeur, militant des droits civils et culturels
Situation : Détention provisoire. Risque la prison à vie
#EcrivainEmprisonné #LibérerOsmanKavala
Osman Kavala est un éditeur, un activiste des droits civils et culturels et un philanthrope œuvrant pour la paix, les droits de l’homme et la démocratie en Turquie.
Emprisonné pour la première fois le 18 octobre 2017, Kavala est détenu depuis à la prison de Silivri, dans la banlieue d’Istanbul. Il a d’abord été accusé d’être responsable de crimes qui auraient été commis par des manifestants dans toute la Turquie lors des protestations au parc Gezi de 2013. Puis, le 18 février 2020, il a été acquitté de ces charges et quelques heures plus tard informé qu’une nouvelle enquête avait été ouverte contre lui et qu’il devait retourner en prison. Le 8 octobre 2020, nos avons appris qu’il allait être de nouveau jugé pour menaces à “l’ordre constitutionnel” qui peut lui valoir la prison à vie, avec une peine supplémentaire de 20 ans pour “espionnage”. Il reste en détention préventive.
PEN International considère que les accusations portées contre Osman Kavala constituent une violation directe de son droit à la liberté d’expression, motivée par sa promotion des droits civils et politiques. L’organisation demande que les accusations portées contre lui soient abandonnées et qu’il soit immédiatement libéré.
Agissez
1. Envoyez un appel aux autorités turques
2. Partagez : Le cas d’Osman Kavala et son travail
3. Faites un don à notre appel pour la Journée de l’écrivain emprisonné
4. Lisez la lettre de solidarité de Andreï Kourkov à Osman Kavala – écrivez et envoyez-lui votre propre lettre en prison
Envoyez un appel aux autorités turques
Demandez aux autorités :
- D’arrêter les poursuites judiciaires contre Osman Kavala, d’abandonner les charges retenues contre lui et de le libérer immédiatement.
Expliquez que vous êtes :
- Profondément préoccupé(e) par le fait qu’Osman Kavala reste en détention pendant plus de trois ans sur la base d’accusations visant à le pénaliser pour son soutien à la démocratie et aux droits civils ;
- Préoccupé(e) également par le fait que les accusations et la longue détention visent à dissuader d’autres personnes de pratiquer le droit légitime de contester pacifiquement et de plaider pour le changement.
Exemple de tweet :
Abandonnez les charges contre Osman Kavala et libérez-le maintenant. #EcrivainEmprisonné #LibérerOsmanKavala @abdulhamitgul
Envoyez vos appels au :
Ministre de la Justice de la République de Turquie
Mr Abdülhamit Gül (Salutation: Cher Ministre)
Adalet Bakanlığı
06659 Ankara, Turkey
Fax: +90 312 419 33 70
Twitter: @abdulhamitgul
Email: info@adalet.gov.tr
Envoyez des copies à l’ambassade de Turquie de votre pays : http://www.mfa.gov.tr/turkish-representations.en.mfa
Partagez : Le cas d’Osman Kavala et son travail
Nous encourageons les membres de PEN à continuer à :
- Publier des articles et des articles d’opinion dans votre presse nationale ou locale pour mettre en lumière son cas ;
- Soulever le cas d’Osman Kavala auprès des institutions culturelles et des publications spécialisées dans la culture et les arts ;
Partager des informations sur Osman Kavala et vos activités de campagne via les médias sociaux; veuillez utiliser #EcrivainEmprisonné et #LibérerOsmanKavala ;
- Organiser des événements publics, des conférences de presse et des manifestations.
Veuillez nous faire part de vos activités et actions. Cela nous aidera à suivre l’impact de notre campagne.
Exemple de tweet :
La Journée de l’écrivain emprisonné, rejoignez @PEN_Int et demandez la libération de l’éditeur turc qui risque la prison à vie #LibérerOsmanKavala.
Faites un don pour la Journée de l’écrivain emprisonné
Les écrivains emprisonnés comptent sur PEN pour défendre leur liberté et pour défier ceux qui veulent les réduire au silence. Du soutien pratique aux écrivains demandeurs d’asile ou en exil, à l’utilisation de nos plateformes pour partager leurs mots, en passant par la pression sur les puissants – ce travail n’est possible qu’avec votre soutien.
4. Lisez la lettre de solidarité de Andreï Kourkov à Osman Kavala – écrivez et envoyez-lui votre propre lettre en prison
Cher Osman,
Vous savez que cet été 1 000 cailloux ont été déposés au Parliament Hill, ce parc qui surplombe Londres. Cette initiative a été prise pour marquer les 1 000 jours de votre détention à la prison de Silivri, à la suite de votre arrestation le 1er novembre 2017. Vous avez été acquitté par le tribunal local et la Cour Européenne des Droits de l’Homme a déclaré que votre détention était illégale. De nouvelles accusations ont ensuite été portées à votre encontre, qui m’ont rappelé la terreur de Staline dans les années 1930. Vous avez été accusé d’espionnage, ce qui montre que les autorités souhaitent vous enfermer derrière des barreaux pour le restant de vos jours! Je ne parviens pas à m’expliquer pourquoi les autorités turques ont si peur de vous. Est-ce un crime d’être un membre actif de la société civile? Est-ce un crime d’avoir cofondé une maison d’édition qui a permis aux lecteurs turcs d’accéder à des livres écrits par de grands auteurs internationaux, comme Nabokov, Joyce et Faulkner? En réalité, mon seul et unique livre en turc a également été publié par İletişim Yayınları.
Et vous voilà toujours enfermé à la Prison de haute sécurité de Silivri, le centre pénitentiaire le plus moderne et le plus grand de Turquie et, probablement, d’Europe. J’ai lu que cette prison est une merveille du système pénitentiaire turc. Elle peut accueillir jusqu’à 11 000 détenus et a même été désignée officiellement « campus pénitentiaire », ce qui peut laisser penser qu’il s’agit d’un établissement d’enseignement supérieur. Vous seriez apparemment à 5 km de la mer et de la plage, et vous auriez même la possibilité de fermer votre cellule de l’intérieur! Et, toujours apparemment, votre cellule disposerait d’un bouton sur lequel vous pouvez appuyer en cas de besoin. Ou aurais-je mal compris le but de ce bouton? Selon les commentaires publiés sur Google Maps, les gardiens susceptibles de venir si vous utilisez ce bouton seraient assez impatients et impolis.
Toute cette situation m’a l’air si surréaliste que, si j’ignorais qu’il s’agissait de votre réalité, je penserais qu’elle serait née de l’imagination de George Orwell. Peut-être aidé de Franz Kafka.
Je ressens beaucoup d’amertume quand j’y pense. Je sais que nombreux sont ceux qui pensent à vous et souhaitent votre libération. Le monde des personnes faisant preuve d’humanité est de votre côté, et vous soutiendra jusqu’à ce que la décision de la Cour européenne des droits de l’Homme soit observée et que vous soyez enfin acquitté de toutes ces fausses accusations.
J’aime votre pays et son histoire, ce qui me rend encore plus amer. Il y a de nombreuses années, j’ai invité l’écrivain turc le plus connu, Orhan Pamuk, à visiter l’Ukraine. Cette initiative a permis la traduction en ukrainien d’un grand nombre de ses romans. Il figure également parmi les écrivains publiés par İletişim Yayınları. Il fait partie des écrivains qui ont fait émerger la Turquie dans le monde. Je serais heureux de vous accueillir en Ukraine une fois que vous aurez recouvré la liberté. Je serais très heureux que vous repreniez vos activités de la société civile et vos projets culturels. Je pense que cette heure sonnera très prochainement.
Je vous dis à bientôt à Kiev ou à Istanbul.
Bien amicalement,
Andreï Kourkov, écrivain
Contexte
Osman Kavala a consacré sa vie à promouvoir le dialogue ouvert et la paix, les droits de l’homme et les valeurs démocratiques en Turquie. Il a contribué à la création de plusieurs organisations de la société civile, dont Anadolu Kültür (Culture anatolienne), une association culturelle qui vise à favoriser la célébration de la diversité par le moyen d’échanges culturels et artistiques. Il a également contribué à la création de İletişim Publishing en 1983, qui est devenue depuis l’une des plus grandes maisons d’édition de Turquie.
Kavala a été arrêté pour la première fois le 18 octobre 2017 à l’aéroport Atatürk d’Istanbul, à son retour de la ville de Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie. Le 1er novembre 2017, un tribunal d’Istanbul a jugé qu’il devait être placé en détention provisoire dans la prison de Silivri, où il est détenu depuis lors. Il a été officiellement inculpé 16 mois après son arrestation. Un acte d’accusation de 657 pages l’a accusé, ainsi que 15 coaccusés, d’être responsable de crimes qui auraient été commis par des manifestants dans toute la Turquie lors des protestations du parc de Gezi. Il a reformulé les manifestations, massivement pacifiques, comme une conspiration visant à renverser le gouvernement.
Le procès a débuté le 24 juin 2019 et s’est terminé le 18 février 2020 avec l’acquittement de Kavala. Cependant, les célébrations ont été de courte durée lorsque, quelques heures plus tard, le procureur a annoncé qu’il faisait appel de l’acquittement et ouvrait une nouvelle enquête contre lui. Il a été renvoyé en détention, où il se trouve toujours aujourd’hui.
Le 8 octobre 2020, la Cour pénale lourde numéro 36 d’Istanbul a annoncé une nouvelle mise en accusation contre Kavala en vertu de l’article 309 du Code pénal relatif aux “tentatives d’abolir, de remplacer ou d’empêcher la mise en œuvre, par la force et la violence, de l’ordre constitutionnel de la République de Turquie”, assortie d’une peine aggravée de prison à vie. (Les personnes condamnées à une peine aggravée à vie sont également confrontées à des conditions de détention plus dures, notamment à un isolement cellulaire pouvant aller jusqu’à 23 heures par jour). Il a également été accusé d’espionnage en vertu de l’article 328 et condamné à une peine maximale de 20 ans de prison. L’acte d’accusation fait référence à sa participation présumée à la tentative de coup d’État de 2016.
Amnesty International note que ce nouvel acte d’accusation fournit les projets culturels de Kavala, les détails de ses voyages en Turquie et à l’étranger comme “preuve” des deux accusations et que son précédent procès dans le procès Gezi est cité sans mentionner qu’il a été acquitté de toutes les accusations en février 2020.
La décision de maintenir Osman Kavala en prison et de poursuivre son procès va à l’encontre d’un arrêt de la Cour européenne des droits de l’Homme de décembre 2019 qui ordonne sa libération immédiate. La Cour a estimé que la détention de Kavala “poursuivait un but ultérieur… à savoir le réduire au silence”.