Le 12 mai 2021 marque le cinquième anniversaire de l’arrestation de Nedim Türfent, poète et journaliste kurde et membre d’honneur du PEN anglais. Il purge une peine de huit ans et neuf mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste », une accusation fallacieuse liée à ses reportages sur les mauvais traitements infligés par les forces de police spéciales sur une quarantaine de travailleurs kurdes et turcs.

Pour souligner cet anniversaire, nous sommes fiers de publier une traduction de l’un de ces poèmes écrits en prison : Des prisonniers hurlent à la liberté, dans une traduction française de notre membre traducteur littéraire, Jean-Pierre Pelletier.
Des prisonniers hurlent à la liberté
Dans la dernière lueur du soleil du soir
dans ses regards qui cherchent et se déploient
dans des chants de liberté répercutés dans les hymnes
entonnés dans la cellule, l’atmosphère se resserre.
De cinq à dix personnes, bras dessus, bras dessous,
du fond de leurs cœurs, du fond de leurs os
une seule voix.
Des cris ourdis à même le bruit et les hurlements,
coups de gueule de la révolte!
Un samedi en été, tard dans la soirée.
Une poignée d’hommes forment une file
pour une danse folklorique.
Une solidarité extraordinaire; coalescence.
Des corps enchaînés, des chants en liberté,
s’élèvent de plus en plus haut, la voix intérieure
de quelques hommes ont rempli la prison.
Quelques-uns, en prison depuis peu,
d’autres, à la veille d’en sortir,
ensemble, inébranlables, poussent un cri de liberté.
Une vérité dans leurs mots qu’on ne peut jamais saisir,
lassitude de leurs corps en captivité,
l’appel d’un seul homme, une seule voix pour la liberté.
Dans les dernières lueurs du soir
Enfermé, mais libre.
Nedim Türfent, 28/05/2016, Prison de type M (prison à sécurité maximale – NDT)
Traduction : Jean-Pierre Pelletier