Journée de l’écrivain en prison 2022 — Agir pour Narges Mohammadi (Iran)

Nom : Narges Mohammadi

Profession : Écrivaine, défenseuse des droits de l’homme

Situation : En prison

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CONTEXTE

Narges Mohammadi est une écrivaine, journaliste et défenseuse des droits de l’homme iranienne, et membre honoraire des centres PEN danois, belge, norvégien et suédois. Elle est l’ancienne vice-présidente et porte-parole du Defenders of Human Rights Center (DHRC), co-lauréate du prix Oxfam Novib/PEN 2013 et lauréate du prix Per Anger 2011 ainsi que du prix Alexander Langer 2009.

Au cours des dernières années, Mohammadi a été arrêtée et emprisonnée arbitrairement à plusieurs reprises. Elle a été détenue à la prison d’Evin en mai 2015, et en 2016, elle a été condamnée à 16 ans d’emprisonnement sur la base de plusieurs chefs d’accusation, notamment pour « participation à un rassemblement et collusion contre la sécurité nationale » et « diffusion de propagande contre l’État », liées à ses activités au DHRC.

En février 2020, elle a fait l’objet de nouvelles accusations, notamment de « diffusion de propagande contre le système » et de « rassemblement et collusion avec l’intention de prendre des mesures contre la sécurité nationale ». Ces accusations sont liées au rôle qu’elle a joué dans l’organisation de manifestations d’occupation, la tenue de cours éducatifs et la « diffamation » envers le gouverneur de la prison d’Evin, l’accusant de l’avoir torturée et agressée.

En mai 2021, elle a été condamnée à une nouvelle peine de 30 mois de prison et 80 coups de fouet, quelques mois après sa libération en octobre 2020 après avoir purgé cinq ans et demi de prison. En novembre de la même année, elle a été arrêtée lors d’une cérémonie en hommage au manifestant Ebrahim Ketabdars, tué dans la ville de Karaj. Mohammadi a passé plus de deux mois en isolement cellulaire, période à propos de laquelle elle a écrit de manière prolifique, expliquant le lourd tribut payé par les prisonniers d’opinion en Iran et la qualifiant de « torture blanche ».

Selon sa famille, les autorités iraniennes ont porté d’autres accusations contre elle en janvier 2022, notamment « rassemblement et collusion pour agir contre la sécurité nationale » et « action contre la sécurité nationale et perturbation de l’ordre public ». À l’issue d’un procès sommaire tenu en l’absence d’un avocat, Mohammadi a été condamnée à huit ans et deux mois de prison supplémentaires, ainsi qu’à 74 coups de fouet. Le jugement impose également d’autres peines, notamment l’exil intérieur et l’interdiction de faire des déclarations aux médias, d’utiliser des plateformes de médias sociaux ou de participer à des groupes politiques.

En février 2022, à la suite d’une opération au cœur, Mohammadi a été libérée pour raisons médicales. Cependant, en avril 2022, elle a été arrêtée à son domicile par des agents des services de renseignement iraniens, car les autorités ont décidé de mettre fin à son autorisation de sortie pour raisons médicales et lui ont ordonné de retourner en prison. Selon sa famille, elle a été maltraitée et insultée par les agents lors de son arrestation.

En octobre 2022, PEN International a appris que Mohammadi avait été condamnée à 15 mois de prison supplémentaires, assortis d’une interdiction de voyager et de rejoindre des mouvements ou partis politiques pendant deux ans, ainsi que de trois mois de travaux d’intérêt général. La condamnation a été prononcée par contumace par la branche 26 du tribunal révolutionnaire, à l’issue d’un procès sommaire. Les autorités pénitentiaires ont en outre interdit les appels téléphoniques avec sa famille en Iran pendant deux mois, en guise de sanction pour son rôle majeur dans l’organisation de manifestations en prison en signe de solidarité avec le mouvement de protestation qui a secoué le pays après la mort de Mahsa Amini.

D’après sa famille, Mohammadi risque désormais un total de 10 ans d’emprisonnement, 150 coups de fouet et une amende de 12 millions de rials iraniens (environ 250 livres sterling), en sus des restrictions imposées en octobre de cette année.

Mohammadi souffre d’un trouble neurologique pouvant entraîner des crises d’épilepsie, une paralysie partielle temporaire et une embolie pulmonaire pour laquelle lui seraient refusés des médicaments vitaux permettant d’éviter la formation d’autres caillots sanguins. En mai 2019, elle a subi une hystérectomie d’urgence, puis a été renvoyée à la prison d’Evin. En juin 2019, PEN a reçu des informations selon lesquelles Mohammadi était privée de soins médicaux adéquats et d’antibiotiques pour traiter une infection ultérieure liée à l’opération. PEN a également appris que les médicaments nécessaires lui ont été refusés en juin 2022.

Mohammadi a écrit pour plusieurs journaux réformistes, dont Payam-e Hajar, qui a ensuite été interdit pour ses articles promouvant les droits de tous les Iraniens, indépendamment de leur sexe, de leur religion ou de leur affiliation politique. Dans son dernier livre, White Torture (torture blanche), elle documente l’emprisonnement de treize femmes, dont Nazanin Zaghari-Ratcliffe, et leurs expériences communes : harcèlement et coups par les gardes, port d’un bandeau sur les yeux et refus de traitement médical. Le livre dévoile également le recours prolongé à l’isolement cellulaire contre les prisonniers d’opinion en Iran.

À la suite des restrictions imposées en octobre de cette année, Mohammadi n’est plus autorisée à appeler son mari, l’éminent journaliste Taghi Rahmani, qui a été emprisonné pendant 17 ans avant de fuir l’Iran pour la France en mai 2011, ni ses enfants, qui vivent en exil avec leur père.

« J’ai foi dans le chemin que j’ai choisi, dans les actions que j’ai menées, ainsi que dans mes convictions. Je suis déterminée à œuvrer pour que les droits de l’homme deviennent une réalité [en Iran] et je ne nourris aucun regret. Si ceux qui prétendent faire régner la justice sont fermes dans leur jugement à mon encontre, je le suis également dans ma foi et mes convictions. Je ne céderai pas face aux punitions tyranniques qui limiteront ma liberté aux quatre murs de la cellule de la prison. Je vivrai cette incarcération, mais je ne l’accepterai jamais comme légale, humaine ou morale, et je dénoncerai toujours cette injustice ». Narges Mohammadi, citée dans l’article Prominent Rights Activist Narges Mohammadi Rejects Prison Sentence in Stinging Open Letter (Narges Mohammadi, éminente militante des droits de l’homme, rejette sa condamnation à une peine de prison dans une lettre ouverte virulente), 14 octobre 2016.

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